ne bonne injection d'EPO, la drogue dopante des sportifs, voilà ce dont a besoin le pouvoir tunisien
et que
devraient lui procurer les pharmacies européennes et américaines. Car sur les 10 000 mètres steeple des droits et
des libertés publiques, le démarrage alourdi d'archaïsme et sans grand entraînement, il perd vite haleine. Sans
faire grand chose, il parle trop, on n'aborde pas une telle course de fond la bouche ouverte mais par des exercices
de respiration profonde. Lui que le Freedom House place relativement en queue de peloton, se pique de
marathon démocratique, histoire de faire garder la forme à ses citoyens qu'il met au pas plutôt qu'à la petite
foulée du dimanche. D'ailleurs, il a horreur de tout ce qui bouge et ce n'est certainement pas debout dans une
grande échappée qu'il préfère sa société.
L'État de droit surtout est asthénique et qu'elles s'exercent réellement en droits d'association, de réunion et à
l'expression ou dans la virtualité de la navigation sur le web, les libertés en Tunisie ont besoin d'une solide
cure vitaminique.
À l'ère des réformes depuis 1861 et en instruction généralisée depuis 50 ans, la population tunisienne ne souffre
pourtant pas de ramollissement cérébral et a la prétention de choisir elle-même son avenir. Refusant l'insulte
faite depuis trop longtemps à son intelligence elle s'insurge désormais contre l'oligarchie obsolète qui non
contente de privatiser à son profit l'ensemble de son patrimoine symbolique, institutionnel et réel, s'entête
aujourd'hui à s'approprier Internet faisant du maillage du réseau des réseaux un corset pour emprisonner.
Dans sa logique du tout-confisqué, le pouvoir tunisien croit que la modernité technologique c'est tapoter sur un
clavier, écouler un ordinateur en pièces détachées, s'introduire dans le marché des fibres, des câbles et des
logiciels, sous-traiter le prêt-à-porter informatique, faciliter les délocalisations de télémarketing en Tunisie,
poser le strass de l'enseignement ou de la médecine à distance sur la précarisation des services publics,
séminariser avec tambours et trompettes autour des technologies de la communication et même, comble de l'aplomb,
héberger le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) tout en refusant à ses citoyens un accès
normalisé à Internet !
Ainsi donc, une fois refermée la petite parenthèse de la réunion préparatoire du SMSI à Hammamet, il contrôle,
déconnecte, emprisonne et ferme les sites qui ne sont pas dans sa vassalité. Notre journal, comme tous les sites
d'associations et d'information indépendants, est à nouveau censuré. Nous nous proposions de conduire
Alternatives citoyennes suivant le code et avec les scrupules d'une information éthique et indépendante.
Le 22 juin 2004, notre message de reprise en définissait le projet, notamment
dans le cadre du
SMSI, auprès duquel nous porterons notre protestation commune à l'ensemble des sociétés civiles qui tentent
d'imaginer un réseau Internet libre et solidaire.
Tous les présents à la réunion de Hammamet, représentants de la société civile internationale, d'organisations
internationales, du secteur privé, des gouvernements de tous pays, ont vu de leurs propres yeux non seulement les
méthodes pratiquées, mais aussi et surtout la vitalité et la justesse de la cause de ceux qui s'y opposent parce
qu'ils ne sont pas, ou plus, prêts à se laisser faire. Même les plus modérés d'entre eux ont manifesté leur
soutien, comme leur détermination à ce que cessent ces pratiques.
Ainsi, si la formule « trop d'information tue l'information » est devenue un cliché, du moins dans les
pays où l'information est libre, il ne serait pas étonnant que, sous d'autres cieux, on constate bientôt que...
trop de censure finisse par tuer la censure !