epuis des mois, les pouvoirs publics lancent des appels, émanant même du sommet de l'État, à en finir avec une production médiatique « insipide et médiocre » ainsi que la qualifie M. Slah Maaoui, ministre des Droits de l'homme et de la Communication. Hélas, en dehors de quelques éphémères fulgurances provenant de plumes dignes et téméraires, nul ne voit rien venir.
Va-t-on, une fois de plus, vers un 3 mai morose où, en ce début de siècle, les canards
déplumés, les ailes coupées, ne peuvent toujours pas prendre leur envol ? Non, à
Alternatives citoyennes, nous voulons prendre date d'une condition moins malheureuse pour les communicateurs, journalistes et intellectuels, tous ceux qui s'attachent à la liberté
d'expression comme à une raison d'être.
Nous réclamons un « désengagement de l'État » et des mesures fortes, comme la suppression des mécanismes de censure, la dissolution d'institutions de propagande et la mise officiellement à l'écart des grands maîtres de la censure qui depuis des années sévissent en voleurs d'âmes.
Enfin, en dépit de notre adhésion à un journalisme sans frontières dont nous sommes
évidemment solidaires, nous nous engageons à restaurer, en toute indépendance, l'honneur perdu du journalisme tunisien.
Nadia Omrane ouvre ce dossier en rendant hommage à Abdeljelil Béhi, directeur du journal « Le Phare ». Larbi Chouikha analyse ensuite les préalables nécessaires au développement d'une vraie presse indépendante en Tunisie. Enfin, Meryem Marzouki propose sa lecture de l'ouvrage de Robert Ménard, directeur général de Reporters sans frontières, (« Ces journalistes que l'on veut faire taire »).
- Hommage à Abdeljelil Béhi, directeur du Phare : le degré Zorro du journalisme, par Nadia Omrane
- Il faut désétatiser l'information !, par Larbi Chouikha
- RSF : 15 ans de confusion entre la liberté de la presse et les droits de l'homme-journaliste, par Meryem Marzouki