ui aurait pu croire qu'une bonne partie du mouvement
démocratique Tunisien puisse un jour se reconnaître
dans cette déclaration explicite et sans concession d'un ministre du
gouvernement Ben Ali auquel est reprochée
l'intolérante omnipotence : « plus aucune voix ne se taira à l'avenir
en Tunisie ». C'est le 5 avril 2001 que
Slah Maaoui porta dans le quotidien français Le Monde
cet engagement sans détour, procédant
- devait-il insister - d'une volonté politique au plus haut niveau,
celle du chef de l'État tunisien.
À Alternatives citoyennes, nous voudrions croire à cette
ouverture nécessaire et décisive. Certes, nous ne nous
attacherons pas qu'aux mots, attendant des réalisations et des mesures
concrètes. Nous savons que les
archaïsmes peuvent être pesants, que les verrouillages se font à
plusieurs tours, que les appétits des hiérarchies
clientélistes sont voraces, que les initiatives « ìsolées » sont
récurrentes et polymorphes et que la culture du secret
et de l'autorité baigne nos moeurs politiques depuis des décennies.
Mais nous savons aussi que toutes les
volontés doivent concourir à une évolution d'un système fossilisé et
rigide et nous préférerions, pour notre part, la
négociation à l'épreuve de force.
C'est donc dans cette perspective que nous proposons cet
espace d'expression et de débat sans enjeu
politicien, mais dans un projet citoyen : permettre à chacun de faire
état de ses opinions, familiariser avec une
revendication pacifique, promouvoir la différence, participer à
l'acceptation du pluralisme, bref expérimenter dans le
détail une pratique démocratique fondée sur le partage, le respect et
la liberté, au principe d'un patriotisme
moderne.
Voilà quelle sera notre petite contribution dont nous
connaissons les difficultés et les aléas, les sacrifices et la
solitude. Mais notre numéro zéro mis en ligne le 20 mars nous a valu
encouragements, soutiens et nous voudrions
être à la hauteur des attentes de nos lecteurs, auxquels nous donnons
la possibilité, dès ce numéro un, de devenir contributeurs.
Et à ceux qui nous pressent de nous déterminer, de choisir
notre camp, de dire pour qui « nous roulons », nous
répondons simplement que nous roulons pour l'éthique, pour la
démocratie et pour le développement social de
notre pays. Avec votre aide, nous espérons tenir notre route. Et parce
que nous croyons, nous aussi, que plus
aucune voix ne devrait se taire en Tunisie, nous dédions ce numéro un à
notre camarade Néjib Hosni (photo), avocat et
défenseur des droits humains, prisonnier d'opinion, dont nous
demandons la libération en ce 28 avril 2001, journée internationale de solidarité avec Néjib Hosni.