Alternatives citoyennes Numéro 0 - 20 mars 2001
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Éditorial
Ensemble pour rebâtir

 

Nous sommes tout près et vous n'êtes pas loin. Tunisiens d'ici et d'ailleurs, Internet est notre lien. Ce numéro 0 d'Alternatives citoyennes, journal en ligne, propose la virtualité d'un être-ensemble, pour rebâtir.

Notre projet d'une communication entre les Tunisiens restés au terroir et la diaspora tunisienne qui, dispersée sur la planète, constitue la plus grande chance pour l'avenir d'un pays intégré à la dynamique mondiale, s'appuiera dans une première étape sur des échanges d'informations et d'idées en ligne. Dans une seconde étape, nous en diffuserons le contenu sur un support papier dès que nous nous serons donné les moyens d'alimenter notre société de presse et dès que nous obtiendrons les autorisations administratives de le diffuser légalement en Tunisie. Nous envisageons même de transférer notre siège et notre direction à Tunis dès que la politique tunisienne de l'information remettra ses pendules à l'heure de liberté de la presse.

Alternatives citoyennes n'est pas un tract, mais se veut un vrai journal, réalisé en tout professionnalisme et en toute indépendance et dont la seule boussole sera la déontologie journalistique. Ni dissident ni inféodé, il se tiendra en dehors de toute allégeance.

Notre préoccupation est de proposer à l'ensemble des citoyens qui se brancheront sur notre site, puis s'abonneront à notre journal, particulièrement aux jeunes et à toutes les compétences qui constitueront et forment déjà l'élite tunisienne, des informations commentées et des réflexions soumises au débat libre, de manière à poser les jalons d'alternatives citoyennes.

Nous creuserons une voie passante au coeur de l'intérêt général, en prenant l'écoute des intérêts particuliers, dans une mise en commun des soucis, des rêves et des visions de chacun, de chacune, dont l'expression libérée et l'inspiration partagée sont au principe de la citoyenneté.

Dans ce numéro expérimental donc, un certain nombre d'événements qui focalisent l'attention ces dernières semaines occupent nos rubriques :

Le dernier combat des femmes tunisiennes pour l'égalité devant l'héritage marque l'extension du domaine de la lutte féministe en Tunisie ;

Le grand projet urbanistique de l'avenue Bourguiba jusqu'à la ville nouvelle est un exemple phare d'une citoyenneté à mettre en oeuvre et pourtant inaccomplie ;

L'immense succès de la mise en scène de la folie par l'« artiste-citoyen » Fadhel Jaibi atteste d'une empathie collective pour les possédés, les déclassés, les marginaux, toutes les victimes d'institutions punitives qui s'exilent dans la folie, cette évanescence abyssale où ne se perdraient que les autres ;

Les entrepreneurs tunisiens qui furent souvent des « chasseurs de rente » sauront-ils se convertir en acteurs de la démocratie ? Telle est la trajectoire possible de l'« entrepreneur-citoyen » ;

Cependant, tous ces espaces de savoir, de culture, de communication, de production et de vie ne peuvent s'habiter qu'à la condition de poser clairement la revendication de contre-pouvoir, appelés à identifier et à résoudre les difficultés institutionnelles et pratiques, mises à l'expression d'une autonomie citoyenne. Bref, c'est de démocratie qu'il sera aussi question.

Dès lors, incontournables sont pour nous l'évocation de la crise de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, la réflexion sur ce média refuge qu'est Al Jazira, la publication d'un manifeste d'intellectuels tunisiens pour le 20 mars, la défense et illustration de ce qu'être patriote veut dire, enfin, la critique d'un contre-discours inconsistant et peu éthique.

Ce numéro, prenant également date symbolique, le jour anniversaire de notre grande fête nationale, outre celle de la République, propose deux contributions ouvrant le débat à cette vaste question : qu'avons-nous fait, que ferons-nous de notre indépendance ?

Inscrit dans une perspective citoyenne au moins sur les deux rives, il est aussi inévitable que soient proposés dans de futures livraisons des commentaires intéressant aussi au quotidien la vie de nos résidents outre-Méditerranée. Du reste, ce journal, qui ne veut pas s'enfermer dans un nombrilisme tuniso-tunisien, a la volonté de s'offrir à tous ceux qui se revendiquent dans le métissage propre à l'ouverture des frontières.

Car la mondialisation, dont nous savons les pièges, voire les désastres possibles, nous apparaît aussi comme une chance pour nous libérer de nos archaïsmes et demeurer dans l'histoire, pour peu que nous nous attelions à élaborer, entre sociétés civiles, l'expression d'une citoyenneté partagée.

Telles devraient être pour nous l'orientation, la finalité et la portée de ces alternatives citoyennes. Tunisiens d'ici et d'ailleurs, rejoignez-nous, nous vous offrons ce support avec une générosité qui n'a d'égale que notre impatience citoyenne.

 

La rédaction
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