ous sommes tout près et vous
n'êtes pas loin. Tunisiens d'ici et d'ailleurs, Internet est
notre
lien. Ce numéro 0 d'Alternatives citoyennes, journal en
ligne, propose la virtualité d'un être-ensemble, pour
rebâtir.
Notre projet d'une communication entre les
Tunisiens restés au terroir et la diaspora tunisienne qui,
dispersée sur la planète, constitue la plus grande chance
pour l'avenir d'un pays intégré à la dynamique
mondiale, s'appuiera dans une première étape sur des
échanges d'informations et d'idées en ligne. Dans une
seconde étape, nous en diffuserons le contenu sur un support
papier dès que nous nous serons donné les moyens
d'alimenter notre société de presse et dès que
nous obtiendrons les autorisations administratives de le diffuser
légalement en Tunisie. Nous envisageons même de
transférer notre siège et notre direction à Tunis
dès que la politique tunisienne de l'information remettra ses
pendules à l'heure de liberté de la presse.
Alternatives citoyennes n'est pas un
tract, mais se veut un vrai journal, réalisé en tout
professionnalisme et en toute indépendance et dont la seule
boussole sera la déontologie journalistique. Ni dissident
ni inféodé, il se tiendra en dehors de toute
allégeance.
Notre préoccupation est de proposer à
l'ensemble des citoyens qui se brancheront sur notre site, puis
s'abonneront à notre journal, particulièrement aux
jeunes et à toutes les compétences qui constitueront et
forment déjà l'élite tunisienne, des informations
commentées et des réflexions soumises au débat
libre, de manière à poser les jalons d'alternatives
citoyennes.
Nous creuserons une voie passante au coeur de
l'intérêt général, en prenant
l'écoute des intérêts particuliers, dans une mise
en commun des soucis, des rêves et des visions de chacun, de
chacune, dont l'expression libérée et l'inspiration
partagée sont au principe de la citoyenneté.
Dans ce numéro expérimental donc,
un certain nombre d'événements qui focalisent
l'attention ces dernières semaines occupent nos
rubriques :
1° Le dernier combat des femmes tunisiennes
pour l'égalité devant l'héritage marque
l'extension du domaine de la lutte féministe en
Tunisie ;
2° Le grand projet urbanistique de
l'avenue Bourguiba jusqu'à la ville nouvelle est un exemple
phare d'une citoyenneté à mettre en oeuvre et pourtant
inaccomplie ;
3° L'immense succès de la mise en
scène de la folie par l'« artiste-citoyen » Fadhel Jaibi atteste d'une empathie collective
pour les possédés, les déclassés, les
marginaux, toutes les victimes d'institutions punitives qui s'exilent
dans la folie, cette évanescence abyssale où ne se
perdraient que les autres ;
4° Les entrepreneurs tunisiens qui
furent souvent des « chasseurs de rente »
sauront-ils se convertir en acteurs de la démocratie ?
Telle est la trajectoire possible de
l'« entrepreneur-citoyen » ;
Cependant, tous ces espaces de savoir, de culture,
de communication, de production et de vie ne peuvent s'habiter
qu'à la condition de poser clairement la revendication de
contre-pouvoir, appelés à identifier et à
résoudre les difficultés institutionnelles et pratiques,
mises à l'expression d'une autonomie citoyenne. Bref, c'est de
démocratie qu'il sera aussi question.
Dès lors, incontournables sont pour nous
l'évocation de la crise de la Ligue tunisienne des droits de
l'homme, la réflexion sur ce média refuge qu'est Al
Jazira, la publication d'un manifeste d'intellectuels tunisiens pour
le 20 mars, la défense et illustration de ce qu'être
patriote veut dire, enfin, la critique d'un contre-discours
inconsistant et peu éthique.
Ce numéro, prenant également date
symbolique, le jour anniversaire de notre grande fête nationale,
outre celle de la République, propose deux contributions
ouvrant le débat à cette vaste question :
qu'avons-nous fait, que ferons-nous de notre
indépendance ?
Inscrit dans une perspective citoyenne au moins sur
les deux rives, il est aussi inévitable que soient
proposés dans de futures livraisons des commentaires intéressant aussi au
quotidien la vie de nos résidents outre-Méditerranée. Du reste, ce journal, qui ne veut pas
s'enfermer dans un nombrilisme tuniso-tunisien, a la volonté
de s'offrir à tous ceux qui se revendiquent dans le
métissage propre à l'ouverture des
frontières.
Car la mondialisation, dont nous savons les
pièges, voire les désastres possibles, nous
apparaît aussi comme une chance pour nous libérer de
nos archaïsmes et demeurer dans l'histoire, pour peu que nous
nous attelions à élaborer, entre sociétés
civiles, l'expression d'une citoyenneté partagée.
Telles devraient être pour nous
l'orientation, la finalité et la portée de ces
alternatives citoyennes. Tunisiens d'ici et d'ailleurs,
rejoignez-nous, nous vous offrons ce support avec une
générosité qui n'a d'égale que notre
impatience citoyenne.