Reconnaissance du ventre
a « femme africaine » (la seule,
la vraie), alias Mme Awa N'Diaye, s'exprimant au cours de la
plénière société civile pour appuyer la demande de ses congénères de la « société civile
tunisienne officielle » (SCTO) de
modifier le texte sur les droits de l'homme, a invoqué la culture africaine. C'était donc au nom du respect de
l'hospitalité légendaire de nos contrées qu'il ne fallait en aucune manière souligner la situation des droits de
l'homme en Tunisie, ce pays qui « nous a offert le gîte et le couvert ». Parlez pour vous, Mme N'Diaye,
car les autres - africains ou non - n'ont pas eu cette chance !
Agents de Bush et de Sharon
ien d'autres « arguments » ont été utilisés par la SCTO et ses amis, dans le même objectif. On en
retiendra un particulièrement croustillant : « ceux qui veulent pointer du doigt la Tunisie veulent en
fait ainsi couvrir les exactions des États-Unis et d'Israël en Irak et en Palestine. Ils sont les agents de Bush et
de Sharon ». La responsable du Caucus des droits de l'homme soussignée, nommément citée comme l'un de ces
agents, tient à
féliciter le digne représentant de la SCTO auteur d'une telle démonstration à l'imparable logique et au sens aigu de
l'analyse politique...
Quand l'appétit va, rien ne va plus
a SCTO s'est insurgée du fait qu'elle n'avait pas été associée au comité qui
a rédigé les déclarations de la société civile, notamment celle sur les droits de l'homme, et qui a déterminé qui
allait les présenter en son nom devant la plénière des gouvernements. C'est que, quand on a l'estomac dans les
talons après une rude journée à s'époumonner et à s'agiter en vain dans tous les sens (sans oublier de faire son
rapport par téléphone portable à différents moments de la journée), on n'entend pas les appels aux volontaires
pour constituer ce comité (appels répétés à trois reprises en plénière de la société civile) et que, au lieu
de rencontrer les autres volontaires du comité à la sortie de la salle pour passer la soirée à travailler sur
les textes, on se précipite pour prendre d'assaut le buffet généreux préparé pour la réception du 24 juin au soir,
tout en faisant le beau devant ses commanditaires. Saha !
Du jamais vu depuis Durban
nterrogé, eu égard à son expérience des réunions des Nations Unies, pour savoir s'il avait déjà assisté à un chaos
pareil, un représentant d'une organisation de la société civile étrangère a trouvé que l'ambiance lui rappelait
furieusement (c'est le mot adéquat, en effet) celle de la Conférence mondiale contre le racisme, la
discrimination raciale, la xénophobie
et l'intolérance qui y est associée, qui s'est déroulée à Durban (Afrique du Sud) en 2001. On se souvient de la
cacophonie qui y avait régné au sein du forum des ONG, notamment au sujet de la question palestinienne...
Plus qu'une interruption de séance, un grave incident
elon Roberto Bissio, représentant de l'ONG
urugayenne Instituto del Tercer Mundo (Institut du
Tiers-Monde, ITeM), l'interruption de séance lors de la plénière des gouvernements à cause du texte sur les droits
de l'homme qui allait être lu au nom de la société civile et de la personne qui devait le présenter (une
interruption de 45 minutes, avec réunion du bureau gouvernemental, à cause de l'opposition initiale des autorités
tunisiennes) est tout à fait inhabituelle. Cet observateur dit être incapable de se souvenir, en 15 ans de
participation à des Sommets de l'ONU, d'un évènement pareil survenu au sein d'une réunion plénière
intergouvernementale des Nations Unies afin de permettre à la société civile de s'entendre !
« Stupidité » du gouvernement tunisien...
n représentant de la délégation d'un gouvernement européen, soucieux de comprendre le problème au sein de la
société civile, a voulu entendre les deux sons de cloche. En ayant sans doute assez entendu, il a déclaré (en
Anglais, traduction d'autant plus approximative qu'elle est faite de mémoire) : « je crois que j'ai
à présent une idée des deux points de vue ». Puis, s'adressant aux valeureux représentants de la
SCTO présents : « sachez que c'est l'attitude la plus stupide que
le gouvernement tunisien pouvait adopter. S'il avait laissé parlé la représentante de la Ligue tunisienne des
droits de l'homme, personne n'aurait écouté » (il est vrai que les déclarations de la société civile ne
suscitent pas vraiment grand intérêt). Ajoutons que le monde entier aurait alors vanté les pratiques démocratiques
de la Tunisie, qui aurait presque pu en devenir « l'autre pays des droits de l'homme », comme la Hollande
est - d'après les publicitaires - « l'autre pays du fromage », la réputation des fromages
français n'étant plus à faire, et le premier des droits de l'homme étant désormais bien identifié...
...et indépendance de sa SCTO
ntendant traiter son gouvernement favori de « stupide », le sang de l'inénarrable Saïda Agrebi
(représentant l'Association tunisienne des mères) - qu'elle a chaud - n'a fait qu'un tour. La dame a donc
rétorqué (en Anglais aussi) : « si vous avez une opinion, allez la donner aux
gouvernements. Nous, nous sommes la société civile ! » Et pas n'importe laquelle : la SCTO,
s'il vous plaît... Nul doute qu'une telle vigueur et une telle indépendance
d'esprit ne proviennent que d'une longue pratique dans son propre pays avec les représentants de son propre
gouvernement. Le malheureux représentant européen s'est éloigné sans demander son reste (on le comprend).
Habib Achour, ONG multicartes
ette brève est destinée à qui de droit : Habib Achour, l'un des représentants de la SCTO les plus actifs,
mérite de longues et reposantes vacances. Il n'a
pas ménagé ses efforts en effet, une oreille collée à son téléphone portable toujours en fonctionnement (ce
magnifique appareil serait-il doté de fonctions insoupçonnées ? En tous cas on se demande quand il recharge
ses batteries), l'autre traînant partout où il pourrait se tenir le moindre propos, soucieux des droits de l'homme
au point d'être toujours le premier assis aux meilleures places lors des réunions du Caucus des droits de l'homme
pour ne rien perdre de leur substantifique moëlle. Il juge d'ailleurs que le Caucus ne tient pas suffisamment de
réunions, mais on le comprend, puisqu'il croit que, par le simple fait qu'il y assiste en observateur il
est vrai attentif, cela suffit à le compter parmi les membres du Caucus. L'homme a plusieurs facettes :
avocat, président de l'ONG (SCTO) dénommée « Association Tunisienne Pour Les Victimes
du Terrorisme », membre d'une autre ONG (SCTO) dénommée « Jeunes
médecins sans frontières », membre - suppléant - nommé par le gouvernement tunisien à la
sous-commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme du Haut Commissariat des Nations Unies au
droits de l'homme jusqu'en 2008, etc. Un véritable homme-orchestre, il faut dire qu'il connaît la
musique !
Mustapha Masmoudi, l'ancien nouvel ordre mondial
'intérêt de Mustapha Masmoudi pour les techniques de l'information et de la communication (TIC) ne se dément pas.
Après son heure de gloire dans les années 70-80 où, en tant que Secrétaire d'État à l'information,
il représentait la Tunisie au sein de la Commission MacBride, issue de la revendication
d'un Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la Communication (NOMIC), fortement promu par la Tunisie au sein du
Mouvement de Non-Alignés puis de l'UNESCO, voila que le SMSI fournit à Mustapha Masmoudi
l'occasion de frémir à nouveau, cette fois en tant que représentant de la société civile (SCTO, bien sûr, via
l'ATUCOM). Le problème est que Mustapha Masmoudi n'a pas évolué d'un pouce depuis, et continue d'abuser des
formules éculées - dont il a peut-être bien été l'auteur à l'époque -, telles que, s'agissant des
journalistes, « la liberté
est indissociable de la responsabilité et la responsabilité est inséparable de la liberté », avec une forte
tendance à oublier le second terme de cette proposition. Imaginez-vous que les discussions qui ont mené au rapport
McBride (et à l'abandon du NOMIC) n'ont pas pris une ride !
Scoop : il y aurait des revendications autonomistes en Tunisie
rès curieusement, l'une des - quelques - formules qui ont semblé poser grand problème dans la version
initiale du texte de la société civile sur les droits de l'homme était contenue dans la phrase suivante :
« nous sommes pleinement conscients de l'importance fondamentale de la tenue du SMSI à Tunis, pour les peuples
de Tunisie comme de l'ensemble des pays du Sud ». Ce qui a fait sursauter est le pluriel à
« peuples ». Ainsi, ce qui n'était au pire qu'une maladresse d'écriture pour englober d'un seul mot les
populations de l'ensemble des pays du Sud, y compris le peuple de Tunisie, est devenu révélateur d'un malaise
certain. Nous aurait-on caché l'existence de peuples indigènes avec des revendications autonomistes ? Certaines
régions voudraient-elles faire sécession ? Voilà un grand mystère.