Tunis où la rumeur et l'intox tiennent souvent lieu d'information, le bruit court avec insistance depuis quelques jours que Hamma Hammami aurait bénéficié dans sa cavale de la protection d'un ex-grand personnage du régime, véritable éminence grise du président Ben Ali dans les toutes premières années (1987-1991 environ), en l'occurrence Kamel Ltaïef.
De fait, de sa clandestinité dans un pays super-surveillé, Hamma Hammami avait défié la police censée l'arrêter en faisant un enfant avec son épouse Radhia Nasraoui (qui fait elle-même l'objet d'une constante surveillance) et en donnant des interviews à la chaîne Al Moustakilla. Le mystère de cette clandestinité s'expliquerait donc par la protection assurée par l'homme d'affaire Kamel Ltaïef, qui posa récemment une « bombe » dans le journal Le Monde, un ensemble de déclarations pour lesquelles il a toujours une affaire judiciaire en suspens (Me Radhia Nasraoui ayant été sa première avocate), affaire qui l'empêcherait de voyager.
Cette rumeur d'une connexion entre ce militant radical et un baron du régime s'alimente-t-elle au souvenir que par le passé le PCOT de Hamma Hammami et son journal Al-Badil auraient bénéficié des encouragements de Kamel Ltaïef dans leur charge contre le mouvement islamiste Ennahda ? Les observateurs gardent le souvenir que les premiers déboires en justice de Hamma Hammami furent concomitants de la disgrâce de Kamel Ltaïef.
Voilà qui expliquerait que les autorités redoublent de férocité contre Hamma Hammami et ses compagnons, ainsi qu'en attestent les témoignages très personnels de Marguerite Rollinde (secrétaire générale de l'association Hourrya/Liberté), Salah Zeghidi (LTDH) et la lettre au président Ben Ali du docteur Hélène Jaffé conseillère du Premier ministre français pour les libertés.
Éclairage ou médisance ? En tout cas ces chuchotements n'ôtent rien à la très grande sympathie et à la solidarité dont jouissent Hamma Hammami, l'éternel jeune premier de la révolution communiste et son épouse Radhia Nasraoui « madone rouge des prisonniers insoumis », tous deux respectés pour leur courage et leur persévérance par des ONG de défense des droits de l'homme, le barreau de Tunis, les militants du mouvement démocratique, l'establishment politique et même une tendance du RCD.
Une parodie de justice, par Marguerite Rollinde
Ce Samedi-là, ce Samedi noir..., par Salah Zeghidi
Lettre du docteur Hélène Jaffé au président Ben Ali
Appel du comité international de soutien à Hamma Hammami, Samir Tâamallah, Abdeljabbar Madouri et Ammar Amroussia