onctuée par deux dates majeures, le 25 juillet et le 13 août, la mise en ligne de ce numéro devait porter la marque de ces deux fêtes nationales, celles de la fondation de la République tunisienne et celle de la promulgation du Code du statut personnel.
Pourtant, depuis 44 ans, nous n'aurons vécu que sous un régime républicain formel, vaguement parlementaire, démocratiquement absolument incorrect et où la confusion des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) s'accomplit dans la personne d'un chef unique dont le culte n'aura rien à envier aux dictatures obsolètes, et dans la concentration au sein du Parti-État de tous les mécanismes d'appropriation de la chose publique, la res publica. Dans ce dossier, Salah Zeghidi, universitaire et syndicaliste, expose explicitement « les deux ou trois choses » qu'il sait « d'elle », c'est-à-dire de la République, et ouvre sur ce que nous voulons, notre République à nous !
À l'inverse, cette République fut aussi en grande partie au bonheur des femmes tunisiennes, en regard des autres nations musulmanes, et par la grâce de mouvements émancipateurs, de son père fondateur et du dynamisme d'une élite, résolument féministe.
Le Code de la famille, toutefois, conserve quelques archaïsmes, particulièrement l'inégalité successorale. Voici venu le temps de l'extension du domaine de la lutte (Cf. notre numéro zéro). L'héritage, ultime conquête des femmes tunisiennes, prédispose au combat et au débat pour lequel Latifa Lakhdhar, universitaire et historienne, apporte un nouvel argumentaire. Alternatives citoyennes endosse, aux cotés des militantes et militants contre la discrimination sexuelle, cet engagement pour lever un dernier archaïsme.
- La République : deux ou trois choses que je sais d'elle, par Salah Zeghidi
- La femme et la question successorale en Islam : la vérité divine n'est-elle pas aussi contextuelle ?, par Latifa Lakhdhar