Alternatives citoyennes Numéro 13 - 22 décembre 2004
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Échos de la Conférence nationale de l'Initiative démocratique

 

L 'Initiative démocratique (ID) a tenu sa Conférence nationale à Tunis les 18 et 19 décembre 2004. Au moment où Alternatives citoyennes met en ligne son numéro de décembre, les textes adoptés par la Conférence nationale ne sont pas encore disponibles. Voici donc pour le moment quelques échos des travaux de cette Conférence, livrés en avant-première à nos lecteurs par Salah Zeghidi, membre du Comité national de l'ID.

La rédaction

 

Depuis la conférence de presse tenue par l'Initiative démocratique le 25 octobre 2004, au cours de laquelle son candidat à l'élection présidentielle, Mohamed Ali Halouani, avait dénoncé les violations et les dépassements enregistrés au cours de la campagne électorale, puis la parution d'un communiqué le 6 novembre émanant du Comité national annonçant notamment que l'Initiative démocratique a décidé de poursuivre « son combat pour l'alternative démocratique dont notre pays et notre peuple ont besoin », l'ID s'était murée dans un mutisme total.

En réalité, cette période de 5 semaines a été mise à profit par ses responsables pour préparer une Conférence nationale chargée d'établir une évaluation collective et définitive de l'expérience vécue de mars à octobre 2004, et des perspectives politiques, structurelles et organisationnelles d'une Initiative appelée à s'engager dans une nouvelle étape, de nature différente de la précédente, et exigeant des réponses précises à plusieurs problématiques sans lesquelles l'alternative démocratique ne serait qu'un voeu pieux.

La Conférence nationale s'est tenue à l'hôtel l'Orient Palace à Tunis. Les travaux de la première journée (toute l'après-midi du samedi 18) ont porté sur l'évaluation de l'expérience de l'Initiative, expérience politique et électorale à la fois. Ceux de la seconde journée (quasiment toute la journée de dimanche) ont porté sur les perspectives, les objectifs et les exigences organisationnelles de la prochaine étape.

Le nombre des participants, qui a avoisiné 250 à l'ouverture des travaux samedi 18, a nettement baissé dimanche, en particulier à partir du début de l'après-midi, du fait du départ des délégués des régions lointaines obligés de prendre le train ou le bus pour rentrer chez eux.

Les chefs de certains des partis de l'opposition (PDP, FDLT et PCOT), invités à assister à la séance d'ouverture, ont décliné l'invitation, Nejib Chebbi (PDP) ayant précisé qu'il n'accepterait de venir que si on lui donnait la possibilité d'exposer devant les cadres de l'ID les positions de son parti.

Mohamed Jmour, le numéro 2 du mouvement des Patriotes démocrates, par ailleurs membre du Conseil de l'ordre des avocats, était en revanche présent. Mohamed Jmour a annoncé publiquement à cette occasion que les Patriotes démocrates allaient incessamment déposer une demande de reconnaissance légale d'un nouveau parti politique, qui s'appellera le Parti national démocrate. De plus, Mohamed Jmour a d'ores et déjà apporté le soutien de ce futur parti à l'Initiative démocratique et à sa démarche, et a déclaré que le Parti national démocrate était disposé à discuter avec les responsables de l'ID toute forme de collaboration et d'action commune avec l'Initiative.

Des représentants du mouvement des Verts tunisiens (La Tunisie Verte, parti écologiste qui a déposé une demande de visa pour sa reconnaissance légale depuis plusieurs mois déjà) ont également participé à la Conférence nationale. L'un des dirigeants de ce parti, Moncef Ben Frej, a exprimé le soutien des Verts tunisiens à l'ID et à sa démarche.

Si l'on excepte Zaghouan, toutes les régions du pays étaient représentées par des délégations. Kasserine était massivement représentée (plus d'une dizaine de délégués). Les « bastions » de l'ID étaient bien représentées qualitativement et quantitativement : le grand Tunis bien sūr, Sfax, Mahdia, Gafsa, Kairouan, Sousse, Monastir, Tozeur... Faible présence par contre de régions comme le Kef, Jendouba, Béjà, Bizerte, Gabès, Nabeul, et Médenine.

Le nombre des intervenants a été très élevé. Plus de quarante participants ont tenu à prendre la parole tout au long des deux journées.

Parmi les participants, certaines figures et personnalités comme Mohamed Charfi, Khemaïs Chammari, Ali Mahjoubi, Azzam Mahjoub, Slim Loghmani, Noureddine Ben Khedher, Rachid Bellalouna, entre autres.

La présence en nombre des universitaires au sein de l'ID se confirme : ils étaient quelques dizaines à participer à la Conférence.

À la séance d'ouverture, la presse était présente, mais surtout au niveau des agences de presse : AFP, Reuters, Associated Press, etc...

Dans une intervention remarquée, le docteur Ali Mahjoubi, historien, ancien doyen de la Faculté du 9 Avril de Tunis, a présenté (rapidement) une approche historique qui a retenu l'attention. La question nationale ayant été résolue par l'indépendance en 1956, les 50 dernières années ont montré clairement que le Néo-Destour, devenu PSD puis RCD, était incapable de résoudre la question démocratique. 50 ans après l'indépendance, il faut dire les choses comme elles sont : dans la Tunisie coloniale, les libertés (d'opinion, d'expression, d'association...) se portaient (relativement) mieux que dans la Tunisie indépendante... Le docteur Mahjoubi a avancé l'idée que l'Initiative démocratique se situait dans le droit-fil du mouvement réformiste du début du siècle et de l'aspiration démocratique du peuple tunisien exprimée sous la colonisation et non réalisée par l'État national depuis son instauration.

S'il est difficile de donner la répartition des participants selon leur appartenance à chacune des composantes de l'ID (Ettajdid, les Communistes démocrates, les indépendants et les membres des structures du PDP), on peut estimer que les indépendants représentaient près de 60% des présents. Les Ettajdistes étaient près d'une quarantaine, les militants Communistes démocrates (jeunes pour la plupart) plus d'une trentaine, alors qu'on pouvait relever la présence de près d'une dizaine de cadres, militants et sympathisants du PDP. Les indépendants composaient le reste de l'assistance.

Les débats ont confirmé la pluralité des opinions au sein de l'ID. Certains intervenants n'ont pas hésité à égratigner les membres du Comité national, notamment au niveau de la circulation de l'information, relevée par un grand nombre d'intervenants comme étant le point très faible de l'ID.

Khemaïs Chammari, dont certains observateurs trouvaient pour le moins ambigu son positionnement par rapport à l'Initiative, a affirmé dans son intervention qu'il participait à la Conférence à la fois en tant qu'invité et en tant que contribuant à l'ID.

Noureddine Ben Khedher, qui se présente depuis plusieurs mois comme membre actif de l'Initiative, est intervenu à deux reprises dans les débats. Le point d'ancrage de ses interventions a été la grande importance de la culture comme entrée et comme thème pour toute élaboration d'une alternative démocratique et progressiste.

Un bon nombre d'intervenants a insisté sur la nécessité pour l'ID de se démarquer en permanence et d'une façon claire à la fois du pouvoir et des islamistes.

 

Salah Zeghidi
www.alternatives-citoyennes.sgdg.org  ~ redaction@alternatives-citoyennes.sgdg.org