e premier janvier 2005, les étudiants et les profanes auront à leur disposition une histoire de l'architecture
tunisienne de l'Antiquité à nos jours. Peut-être même les spécialistes, qui savent déjà tant de choses et auront
peut-être eux-mêmes produit des essais sur des pans de cette histoire, trouveront-ils intérêt à cette première
synthèse, une vision d'ensemble du temps du bâti et de ses usages sociaux.
L'intelligibilité de cette chose construite à travers les grands moments de l'histoire est restituée avec autant de
rigueur, de science que de lisibilité et de visibilité (l'ouvrage est illustré) par Leïla Ammar, universitaire,
architecte et enseignante à l'Institut supérieur d'architecture et d'urbanisme de Tunis.
La tâche était difficile car les connaissances sont assez réduites sur les bâtisseurs, les canevas, les matériaux,
le cadre institutionnel, la destinée fonctionnelle des vestiges des strates civilisationnelles.
Une histoire sociale des modes d'habitat, des usages du bâti... est à peine ébauchée et l'histoire économique,
c'est-à-dire celle de la condition de production de ces constructions, reste entièrement à faire.
L'ouvrage de Leïla Ammar donne l'essentiel à partir de quoi peut s'interroger le phénomène architectural comme
expression d'une société.
Avec modestie, l'auteur « pose les jalons pour analyser les rapports entre les pratiques architecturales, les
systèmes urbanistiques, les symboliques inscrites dans la pierre comme autant de marqueurs des identités
culturelles ».
C'est en définitive « l'histoire en entier » d'une personnalité collective et de son devenir, de ses tensions et
contradictions, de ses permanences et de son éclectisme, que Leïla Ammar tente de retrouver pierre à pierre, telle
une petite poucette remontant, à travers les cailloux semés, la trajectoire d'une commune destinée.
Leïla Ammar. « Histoire de l'architecture en Tunisie. De l'Antiquité à nos jours ». À paraître.