n publiant cet hommage à Ahmed Othmani, rédigé par son compagnon de route Hachemi Jegham qui fut longtemps
président de la section tunisienne d'Amnesty International, Alternatives citoyennes présente ses
condoléances à Simone Othmani, son épouse et compagne dans la lutte, ainsi qu'à leur fils Yacine et leur adresse
toute sa sympathie. Une cérémonie solennelle sera organisée à Paris en février 2005, après la rencontre amicale qui
se tient ce jour au siège de la section française d'Amnesty International en souvenir d'Ahmed
Othmani.
La rédaction
La disparition d'Ahmed Othmani, le 8 décembre 2004 à l'âge de 60 ans, a provoqué la consternation et la tristesse
chez tous ceux qui, en Tunisie et à l'étranger, avaient travaillé avec lui ou l'avaient simplement connu. Et ils
sont nombreux.
Arraché aux siens lors d'un tragique accident survenu à Rabat, il nous quitte au moment où sa carrière venait de
prendre un tournant prometteur : la réalisation du plan d'action établi par Penal Reform International,
l'ONG dont il assurait la présidence. Combat pour l'abolition de la peine de mort et contre l'usage de la torture,
sensibilisation à la nécessité d'instaurer partout une politique pénitentiaire plus humaine, mise sur pied d'un
réseau africain pour le programme de travail d'intérêt général comme alternative à la prison... Ce programme est en
cours au Kenya, au Zimbabwe au Nigeria, etc.
Avant son engagement à Penal Reform International, Ahmed avait déjà fait ses preuves à Amnesty
International (AI).
Les liens d'amitié qui nous unissaient remontent d'ailleurs au début des années 80, période au cours de laquelle
nous avons, avec d'autres valeureux camarades, fondé la section tunisienne d'AI.
D'un tempérament calme et ayant pour qualités essentielles la modestie et la simplicité, il évitait d'évoquer les
longues années de sa détention dans les geôles tunisiennes à partir de 1968.
J'ai toujours apprécié chez Ahmed ses grandes qualités de coeur et d'esprit ainsi que son immense culture. Je garde
encore en mémoire le courage et le doigté dont il avait fait preuve quand les groupes africains et arabes, présents
au Congrès d'AI tenu au Japon (en septembre 1991), proposaient sa candidature au Comité exécutif de l'organisation.
Pendant deux années, Ahmed Othmani a accompli avec succès de délicates missions pour le compte d'Amnesty.
Ses pérégrinations l'ont mené dans la plupart des pays arabes et africains et dans certaines contrées du monde
latino-américain.
Son rayonnement moral manquera désormais à la grande famille des défenseurs des droits humains.