a volonté politique, exprimée dans le discours officiel, de donner une impulsion démocratique plus
nette à la vie politique s'est-elle traduite de manière perceptible pour être crédible ? C'est
une impulsion de très basse intensité, rétorquent les acteurs de la société civile ou de
formations politiques non reconnues.
Pourtant, quelques signes sont relevés, tels la libération de Me Néjib Hosni ou la plus grande
sérénité avec laquelle se tiennent quelques manifestations politico-festives (réception de la
LTDH). L'invective, l'agression dont étaient victimes certains militants semblent avoir cessé. « On en arrive à se réjouir de cette petite tranquillité inhabituelle et à se féliciter de ne plus
recevoir de coups », ironise une avocate, en prenant acte de ce retour à des moeurs politiques plus civilisées.
L'expression journalistique prend aussi quelque liberté avec la langue de bois, mais de nombreux sujets demeurent encore de l'ordre de l'impensable. Quant à Internet, il reste encore très balisé. Plus gravement, les droits civils et politiques attendent d'être pleinement exercés, dans une citoyenneté reconnue et un pluralisme admis.
Enfin, les conditions de détention plaident non seulement pour leur amélioration, mais, au sein
de l'opposition, le consensus aujourd'hui se fait autour de la revendication, sinon de la
libération sans condition, du moins d'une amnistie humanitaire.
Sous l'impulsion d'individualités fortes et de petites structures combattives, dont le CNLT, le
sursaut secoue les élites et une société civile jusqu'ici fragmentée et atone se recompose en
petits pôles revendicatifs. Même Ettajdid sort du tunnel et il semble que l'on s'agite jusque
dans le MDS !
Enfin, quelle gestation prend au juste le RCD dont 50% des structures de base ont été renouvelées ? Se sentira-t-il tenu d'épouser lui aussi le mouvement d'une société dont seul le consumérisme semble, pour l'heure, frénétique, mais qu'une avant-garde intellectuelle et militante met déjà sur les chemins de la liberté ?
Nous vous proposons, afin de poursuivre le débat engagé dans notre précédent numéro, les points de vue de Souhayr Belhassen, journaliste et vice-présidente de la LTDH, de Radhia Nasraoui, membre du Bureau de l'Ordre des avocats et « Madone rouge des détenus insoumis » et de Salah Zeghidi, membre du Bureau directeur de la LTDH, ainsi que l'analyse de Mustapha Ben Jaafar (Forum démocratique), présentée par Nadia Omrane. Autres manifestations de l'existence de cette avant-garde, les deux analyses des nouveaux amendements au Code de la presse que nous publions, celle de Hechmi Jegham, président de la section tunisienne d'AI (s'exprimant ici en sa qualité de juriste) et celle de Larbi Chouikha, professeur en Sciences de la communication : tout en convergeant sur le fond, chacun nous propose son analyse selon une perspective spécifique.
- Le double langage, par Souhayr Belhassen
- Peut-on parler d'une amélioration des droits de l'homme en Tunisie ?, par Radhia Nasraoui
- On ne peut pas changer de politique sans changer les hommes, par Salah Zeghidi
- Mustapha Ben Jaafar : « la seule question aujourd'hui est celle de la liberté », par Nadia Omrane
- Le « Code pénal tunisien de la presse », par Hechmi Jegham
- À propos des amendements au code de la presse, par Larbi Chouikha