Alternatives citoyennes
Numéro 1 - 28 avril 2001
Éditorial
« Plus aucune voix ne se taira à l'avenir en Tunisie »

 

Qui aurait pu croire qu'une bonne partie du mouvement démocratique Tunisien puisse un jour se reconnaître dans cette déclaration explicite et sans concession d'un ministre du gouvernement Ben Ali auquel est reprochée l'intolérante omnipotence : « plus aucune voix ne se taira à l'avenir en Tunisie ». C'est le 5 avril 2001 que Slah Maaoui porta dans le quotidien français Le Monde cet engagement sans détour, procédant - devait-il insister - d'une volonté politique au plus haut niveau, celle du chef de l'État tunisien.

À Alternatives citoyennes, nous voudrions croire à cette ouverture nécessaire et décisive. Certes, nous ne nous attacherons pas qu'aux mots, attendant des réalisations et des mesures concrètes. Nous savons que les archaïsmes peuvent être pesants, que les verrouillages se font à plusieurs tours, que les appétits des hiérarchies clientélistes sont voraces, que les initiatives « ìsolées » sont récurrentes et polymorphes et que la culture du secret et de l'autorité baigne nos moeurs politiques depuis des décennies. Mais nous savons aussi que toutes les volontés doivent concourir à une évolution d'un système fossilisé et rigide et nous préférerions, pour notre part, la négociation à l'épreuve de force.

Photo Nejib Hosni C'est donc dans cette perspective que nous proposons cet espace d'expression et de débat sans enjeu politicien, mais dans un projet citoyen : permettre à chacun de faire état de ses opinions, familiariser avec une revendication pacifique, promouvoir la différence, participer à l'acceptation du pluralisme, bref expérimenter dans le détail une pratique démocratique fondée sur le partage, le respect et la liberté, au principe d'un patriotisme moderne.

Voilà quelle sera notre petite contribution dont nous connaissons les difficultés et les aléas, les sacrifices et la solitude. Mais notre numéro zéro mis en ligne le 20 mars nous a valu encouragements, soutiens et nous voudrions être à la hauteur des attentes de nos lecteurs, auxquels nous donnons la possibilité, dès ce numéro un, de devenir contributeurs.

Et à ceux qui nous pressent de nous déterminer, de choisir notre camp, de dire pour qui « nous roulons », nous répondons simplement que nous roulons pour l'éthique, pour la démocratie et pour le développement social de notre pays. Avec votre aide, nous espérons tenir notre route. Et parce que nous croyons, nous aussi, que plus aucune voix ne devrait se taire en Tunisie, nous dédions ce numéro un à notre camarade Néjib Hosni (photo), avocat et défenseur des droits humains, prisonnier d'opinion, dont nous demandons la libération en ce 28 avril 2001, journée internationale de solidarité avec Néjib Hosni.

 

La rédaction
www.alternatives-citoyennes.sgdg.org
redaction@alternatives-citoyennes.sgdg.org