e congrès extraordinaire de l'UGTT a reçu une exceptionnelle couverture médiatique, avant,
pendant et après sa tenue les 7-8-9 février. Mais ce qui a intéressé surtout la presse, c'est la
conquête de l'appareil de direction avec le rappel des revendications fortes de transparence et
d'indépendance de cet acteur historique du changement social.
Il nous est donc apparu plus utile de traiter du positionnement de l'UGTT en ce tournant
historique de la mondialisation et des accords Tunisie-UE dont les incidences peuvent être
graves sur les acquis sociaux et la situation des travailleurs.
Dans cette intention, nous présentons : un entretien avec Abid Briki, Secrétaire général adjoint de l'UGTT qui fut chargé de la coordination du rapport économique et social ; une interview de l'économiste Hassine Dimassi, un des principaux élaborateurs de ce rapport et qui, plus concrètement dans Alternatives Citoyennes, répond aux questions que se posent les travailleurs sur leur devenir ; un éclairage sur le congrès de Djerba signé par Mohamed Salah Khriji, militant syndicaliste de longue date et proche du Secrétaire général de l'UGTT, Abdesselem Jrad, ainsi que par Sofiene Ben Hamida, journaliste, rédacteur du bulletin UGTT-International ; tous deux sont aussi membres du Comité directeur de la LTDH.
Nous rappelons qu'Alternatives Citoyennes est un forum où chacun s'exprime librement,
pourvu qu'il respecte la déontologie et une plate-forme de valeurs démocratiques
communes. De ce point de vue, les articles publiés n'engagent pas forcément la
rédaction, dont la ligne éditoriale s'inscrit précisément dans les
éditoriaux successifs auxquels nous renvoyons nos lecteurs soucieux de notre identité.
Aussi, à propos de l'UGTT, nous rappelons que nous avons publié [cf. Alternatives citoyennes numéro 5] la plate-forme
d'action de syndicalistes dissidents dont la liste n'est pas passée au congrès mais dont
la pression a certainement influé sur le tournant démocratique pris au congrès de Djerba,
avec quelques réserves toutefois que ne mentionnent pas l'article de Khriji-Ben
Hamida.
Un des grands gagnants de ce congrès est Ali Romdhane, actuel numéro 2 de
l'UGTT, un des élaborateurs au départ de la Plate-forme à partir de laquelle il sut
négocier, avec le précédent Bureau exécutif (BE), son retour à la direction de la Centrale, ainsi
que celui de deux de ses compagnons.
Ainsi le mouvement contestataire de la plate-forme s'est scindé en deux et la
dissidence (représentée par Arjoun, Zeghidi, etc.) semble avoir été victime de ce
compromis implicitement passé ou imposé par Ali Romdhane. Nous donnons également à ce mouvement l'occasion de s'exprimer dans ce dossier à travers des extraits de son « Appel à l'opinion publique syndicale à l'occasion du congrès de l'UGTT ».
La tenue du congrès ne s'est pas déroulée sans incident (fermeture des portes au départ
aux non-congressistes dont Ali Romdhane qui imposèrent leur entrée à l'hôtel ;
remous autour de communiqués de soutien à la LTDH et à la grève des avocats, etc.).
Ni la liste dissidente, ni les femmes ne trouvent de représentations au BE, pas plus que
des régions côtières industrieuses (Sousse-Mahdia). Les consignes régionalistes de
vote ont joué en faveur de Sfax et du Nord-Ouest par delà les clivages. Enfin, ce sont
les cols blancs (fonctionnaires-ingénieurs) qui se trouvent élus aux dépens des autres
travailleurs.
De même, le secteur public prend le dessus sur le secteur des salariés de l'entreprise
privée non représentés.
Pour tout dire, la direction sahbaniste a été reconduite presque aux deux-tiers - après
s'être débarrassée d'Ismail Sahbani, bouc émissaire - mais c'est le retour avec Ali
Romdhane du lignage Habib Achour.
Les partisans de l'entrisme et de la négociation reconquièrent l'appareil, introduisant
une forme consensuelle de volonté de redressement, d'engagement démocratique et de
mobilisation pour un changement social en faveur des travailleurs.
« Notre rôle historique est d'éclairer les chemins du syndicalisme » - Entretien avec Abid Briki (BE de l'UGTT), par Nadia Omrane
Un intellectuel critique éclaire les chemins du changement social - Interview de l'économiste Hassine Dimassi, par Nadia Omrane
UGTT : ce qui s'est passé à Djerba, par Mohamed Salah Khriji et Sofiene Ben Hamida
Appel à l'opinion publique syndicale à l'occasion du congrès de l'UGTT, par le « courant syndical démocratique »