Alternatives citoyennes Numéro 7 - 18 février 2002
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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Syndicalisme
UGTT : ce qui s'est passé à Djerba

 

Plusieurs analyses et commentaires ont été publiés ici et là depuis une semaine. Par souci d'objectivité, nous nous limiterons dans cet article aux faits. Voilà ce qui s'est passé donc à Djerba.

L'UGTT vient de tenir le 7, 8 et 9 février 2002 à Djerba son congrès extraordinaire. Ce congrès constitue le couronnement d'un processus de redressement, de restructuration et de réforme entamé depuis septembre 2000 et dont l'objectif est de renouer avec les valeurs fondatrices nobles du mouvement syndical tunisien, de reconquérir son rôle de partenaire social actif et incontournable, et de retrouver son rayonnement tant sur le plan régional qu'international. C'est tout naturellement donc que le slogan de ce congrès extraordinaire, le cinquième dans l'histoire de l'UGTT et le troisième durant les 20 dernières années, fut : indépendance, démocratie, unité.

En raison de son caractère extraordinaire, et affirmant son fort désir d'autonomie, seules les organisations régionales et internationales auxquelles l'UGTT est affiliée ont été invitées à prendre part aux travaux de ce congrès. Toutes les organisations syndicales nationales soeurs et amies et tous nos partenaires sociaux et économiques que nous aurions aimé voir parmi nous comprendront aisément notre frustration de ne pas avoir pu les accueillir cette fois.

Pas moins de 467 délégués représentants les différentes structures régionales et sectorielles de l'UGTT ont participé aux travaux de ce congrès et se sont relayés à la tribune pour s'exprimer sur les différentes questions qui touchent à la vie syndicale, les intérêts et les aspirations des travailleurs, les libertés publiques et privées, la démocratie et les droits de l'homme, la mondialisation et ses incidences sur le monde du travail. Autour de toutes ces questions et bien d'autres, un débat franc, libre et pluriel s'est instauré entre les délégués et les syndicalistes présents sous une présidence de congrès élue pour la première fois au sein de l'UGTT dans ce genre de circonstances.

Par souci de transparence et pour la première fois dans l'histoire de l'UGTT, le rapport financier qui a été présenté au congrès a été accompagné par les conclusions d'un audit externe présentées par l'expert lui-même choisi sur la base d'un appel d'offre public.

Le congrès a par ailleurs voté les amendements profonds des statuts de l'UGTT qui visent une plus grande démocratisation de la vie syndicale et une réduction du centralisme excessif. Ces amendements ont aussi porté sur la limitation des mandats pour le secrétaire général et les membres du bureau exécutif à deux mandats successifs.

Au cours du troisième et dernier jours du congrès, les délégués ont procédé à l'élection des membres du nouveau bureau exécutif et de la commission du règlement intérieur. Pas moins de 56 syndicalistes ont présenté leurs candidatures pour le bureau exécutif. Plusieurs d'entre eux ont profité de la mesure prise, dans un esprit de fraternité et de réconciliation syndicale, lors du dernier conseil national tenu en décembre dernier concernant le gel des dispositions de l'article 11 des statuts de l'UGTT qui exigent des candidats au bureau exécutif d'assumer une responsabilité au sein de l'une des structures régionales ou sectorielles de l'UGTT. Tous, aussi bien ceux qui se sont présenté d'une manière individuelle que ceux qui se sont regroupés au sein des trois listes en lice ont profité des bonnes conditions pour mener leurs campagnes électorales et ont pu discuter librement avec les congressistes. La première liste reprend le slogan du congrès et porte le nom « indépendance, démocratie et unité ». La seconde porte le nom « consensus syndical démocratique » alors que la troisième porte le nom « alliance syndicale démocratique ». Dix candidats de la première liste ont été élus dont 8 du bureau sortant et deux nouveaux. Les trois autres nouveaux membres font partie de la seconde liste. Avant le début de l'opération de vote, le nombre des candidats s'est réduit à 40 après le désistement de 16 candidats.

Les journalistes couvrant les travaux du congrès ont assisté à l'opération de vote qui a duré pas moins de 12 heures. Des isoloirs ont été mis à la disposition des votants. Le dépouillement des voix, effectué par une commission élue au préalable par le congrès, s'est fait aussi en présence des représentants de la presse nationale et internationale ainsi que des représentants des listes et des candidats individuels.

Aux environs de 7 heures de la journée du 11 février, la présidence du congrès a annoncé les résultats du scrutin et la composition du nouveau bureau exécutif :

La première réunion du nouveau bureau exécutif élargi de l'UGTT, formé par les nouveaux membres du bureau exécutif national et les secrétaires généraux des unions régionales, qui s'est tenue immédiatement après la proclamation des résultats a procédé à la répartition des tâches au sein du nouveau bureau exécutif national comme suit :

NomFonction
Abdessalem JeradSecrétaire général
Hedi GhodbaniSG adjoint chargé du règlement intérieur
Ridha BouzribaSG adjoint chargé des finances et de l'administration
Mohamed TrabelsiSG adjoint chargé des relations internationales et de l'émigration
Abid BrikiSG adjoint chargé de la formation syndicale
Mohamed SehimiSG adjoint chargé des études
Mohamed ChendoulSG adjoint chargé de l'information
Ali Ben RomdhaneSG adjoint chargé de la législation et du contentieux
Neji MessoudSG adjoint chargé de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité au travail
Mohamed SaadSG adjoint chargé de la fonction publique
Slimane MejdiSG adjoint chargé des entreprises
Abdennour MeddahiSG adjoint chargé du secteur privé
Moncef YacoubiSG adjoint chargé de la jeunesse, de la femme, et des relations avec les associations

Le congrès extraordinaire de l'UGTT qui s'est tenu récemment à Djerba marque donc une étape importante de l'histoire de l'UGTT sur la voie de l'autonomie, l'indépendance, la réconciliation, l'unité syndicale et le recouvrement du rayonnement national et international de notre syndicat. Il donne la preuve que le discours développé depuis septembre 2000 autour des questions de l'indépendance, de l'autonomie, de la restructuration et de la réconciliation syndicale n'était pas un simple slogan.

 

Mohamed Salah Khriji et Sofiene Ben Hamida
Syndicalistes. Tunis.
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