lusieurs analyses et commentaires ont été publiés ici et là depuis une semaine. Par souci d'objectivité, nous nous
limiterons dans cet article aux faits. Voilà ce qui s'est passé donc à Djerba.
L'UGTT vient de tenir le 7, 8 et 9 février 2002 à Djerba son congrès extraordinaire. Ce congrès constitue le
couronnement d'un processus de redressement, de restructuration et de réforme entamé depuis septembre 2000 et
dont l'objectif est de renouer avec les valeurs fondatrices nobles du mouvement syndical tunisien, de reconquérir son
rôle de partenaire social actif et incontournable, et de retrouver son rayonnement tant sur le plan régional
qu'international. C'est tout naturellement donc que le slogan de ce congrès extraordinaire, le cinquième dans
l'histoire de l'UGTT et le troisième durant les 20 dernières années, fut : indépendance, démocratie, unité.
En raison de son caractère extraordinaire, et affirmant son fort désir d'autonomie, seules les organisations régionales
et internationales auxquelles l'UGTT est affiliée ont été invitées à prendre part aux travaux de ce congrès. Toutes les
organisations syndicales nationales soeurs et amies et tous nos partenaires sociaux et économiques que nous aurions
aimé voir parmi nous comprendront aisément notre frustration de ne pas avoir pu les accueillir cette fois.
Pas moins de 467 délégués représentants les différentes structures régionales et sectorielles de l'UGTT ont participé
aux travaux de ce congrès et se sont relayés à la tribune pour s'exprimer sur les différentes questions qui touchent à la
vie syndicale, les intérêts et les aspirations des travailleurs, les libertés publiques et privées, la démocratie et les droits
de l'homme, la mondialisation et ses incidences sur le monde du travail. Autour de toutes ces questions et bien
d'autres, un débat franc, libre et pluriel s'est instauré entre les délégués et les syndicalistes présents sous une
présidence de congrès élue pour la première fois au sein de l'UGTT dans ce genre de circonstances.
Par souci de transparence et pour la première fois dans l'histoire de l'UGTT, le rapport financier qui a été présenté au
congrès a été accompagné par les conclusions d'un audit externe présentées par l'expert lui-même choisi sur la
base d'un appel d'offre public.
Le congrès a par ailleurs voté les amendements profonds des statuts de l'UGTT qui visent une plus grande
démocratisation de la vie syndicale et une réduction du centralisme excessif. Ces amendements ont aussi porté sur la
limitation des mandats pour le secrétaire général et les membres du bureau exécutif à deux mandats successifs.
Au cours du troisième et dernier jours du congrès, les délégués ont procédé à l'élection des membres du nouveau
bureau exécutif et de la commission du règlement intérieur. Pas moins de 56 syndicalistes ont présenté leurs
candidatures pour le bureau exécutif. Plusieurs d'entre eux ont profité de la mesure prise, dans un esprit de fraternité
et de réconciliation syndicale, lors du dernier conseil national tenu en décembre dernier concernant le gel des
dispositions de l'article 11 des statuts de l'UGTT qui exigent des candidats au bureau exécutif d'assumer une
responsabilité au sein de l'une des structures régionales ou sectorielles de l'UGTT. Tous, aussi bien ceux qui se sont
présenté d'une manière individuelle que ceux qui se sont regroupés au sein des trois listes en lice ont profité des
bonnes conditions pour mener leurs campagnes électorales et ont pu discuter librement avec les congressistes. La
première liste reprend le slogan du congrès et porte le nom « indépendance, démocratie et unité ». La seconde
porte le nom « consensus syndical démocratique » alors que la troisième porte le nom « alliance syndicale
démocratique ». Dix candidats de la première liste ont été élus dont 8 du bureau sortant et deux nouveaux. Les trois autres
nouveaux membres font partie de la seconde liste. Avant le début de l'opération de vote, le nombre des candidats
s'est réduit à 40 après le désistement de 16 candidats.
Les journalistes couvrant les travaux du congrès ont assisté à l'opération de vote qui a duré pas moins de 12 heures.
Des isoloirs ont été mis à la disposition des votants. Le dépouillement des voix, effectué par une commission élue au
préalable par le congrès, s'est fait aussi en présence des représentants de la presse nationale et internationale ainsi
que des représentants des listes et des candidats individuels.
Aux environs de 7 heures de la journée du 11 février, la présidence du congrès a annoncé les résultats du scrutin et la
composition du nouveau bureau exécutif :
La première réunion du nouveau bureau exécutif élargi de l'UGTT, formé par les nouveaux membres du bureau
exécutif national et les secrétaires généraux des unions régionales, qui s'est tenue immédiatement après la
proclamation des résultats a procédé à la répartition des tâches au sein du nouveau bureau exécutif national comme
suit :
Nom | Fonction |
Abdessalem Jerad | Secrétaire général |
Hedi Ghodbani | SG adjoint chargé du règlement intérieur |
Ridha Bouzriba | SG adjoint chargé des finances et de l'administration |
Mohamed Trabelsi | SG adjoint chargé des relations internationales et de l'émigration |
Abid Briki | SG adjoint chargé de la formation syndicale |
Mohamed Sehimi | SG adjoint chargé des études |
Mohamed Chendoul | SG adjoint chargé de l'information |
Ali Ben Romdhane | SG adjoint chargé de la législation et du contentieux |
Neji Messoud | SG adjoint chargé de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité au travail |
Mohamed Saad | SG adjoint chargé de la fonction publique |
Slimane Mejdi | SG adjoint chargé des entreprises |
Abdennour Meddahi | SG adjoint chargé du secteur privé |
Moncef Yacoubi | SG adjoint chargé de la jeunesse, de la femme, et des relations avec les associations |
Le congrès extraordinaire de l'UGTT qui s'est tenu récemment à Djerba marque donc une étape
importante de l'histoire de l'UGTT sur la voie de l'autonomie, l'indépendance, la réconciliation, l'unité
syndicale et le recouvrement du rayonnement national et international de notre syndicat. Il donne la
preuve que le discours développé depuis septembre 2000 autour des questions de l'indépendance,
de l'autonomie, de la restructuration et de la réconciliation syndicale n'était pas un simple slogan.