Comme lors du Congrès du Mouvement Et-tajdid en mai dernier, l'ouverture du Congrès du Rassemblement socialiste progressiste (RSP) a constitué un événement politique et médiatique important. Plusieurs dizaines de militants et de militantes, actifs dans les groupements politiques, le mouvement associatif, les syndicats, l'UGET, se sont donné rendez-vous, cette fois-ci à la Bourse du Travail.
La presse tunisienne, il faut le reconnaître, a bien couvert ce Congrès. Des articles quotidiens ont été publiés. Le Temps, Es-Sabah, La Presse, Le Quotidien, Ech-Chourouk etc. ont répercuté les travaux du Congrès.
Le discours d'ouverture de Néjib Chebbi a retenu l'attention des observateurs. Long, « ferme, mais pondéré » pour reprendre l'expression utilisée par Le Quotidien. C'est une rentrée politique assez fracassante qu'a réalisée Néjib Chebbi, qui semble avoir réussi à la fois à rétablir les ponts avec le pouvoir et notamment avec le président Ben Ali, qualifié par Me Chebbi de « Président de tous les Tunisiens », et à maintenir son parti ancré dans l'opposition.
Deux moments importants ont marqué la séance d'ouverture : le discours de Kamel Haj Sassi, représentant du RCD et de la présidence de la République et celui du président de la LTDH, Mokhtar Trifi.
Les congressistes se sont mis au travail, mais à l'hôtel Amilcar. Les débats ont été quelquefois houleux, notamment sur la « question identitaire », chère aux nationalistes arabes du « noyau dur » du RSP. Les congressistes, dont certains n'appartiennent à aucune structure du Parti, et d'autres venaient à peine (une semaine avant le Congrès) d'adhérer, sont d'origines extrêmement diverses. Marxistes, ayant longtemps milité au POCT pour le quitter sous forme de dissidence à partir de 1993/1994, ou islamistes, dits progressistes, dont certains ont été des militants actifs de En-Nahdha, et dont le rôle semble de plus en plus net, ainsi que d'autres éléments. On retiendra le retour d'un homme comme Hafnaoui, après un retrait de plusieurs années, suite à un conflit ouvert avec Néjib Chebbi. À retenir également le ralliement de Belgacen Hassen, catapulté au Bureau Politique. Ancien militant du groupe El Hakika (La Vérité) à Paris à la fin des années 70, Belgacem Hassen a rejoint le Parti Communiste Tunisien au début des années 80. Il l'a quitté au début des années 90 et s'était quasiment retiré de toute activité politique.
La composition du Bureau Politique (25 membres) laisse apparaître clairement que Me Néjib Chebbi, qui reste bien entendu Secrétaire général, maintient son contrôle puisque pas moins de neuf membres l'étaient déjà dans la direction du RSP. La présence de Chedly Zouiten semble vouloir signifier simplement que même le courant libéral a sa place dans le nouveau Parti. La place des islamistes semble plus importante que prévu. Le Parti démocrate progressiste (PDP, nom du nouveau Parti) semble regrouper des tendances très éloignées les unes des autres. Ainsi, paradoxalement le RSP (qui était en fait un Parti, et non un Rassemblement) s'est transformé en PDP, en réalité un Rassemblement. Il s'agirait d'un rassemblement autour de Néjib Chebbi et ses compagnons (Khechana, Hermassi, Ellouze, Issam Chebbi , le frère de Nejib etc.), de transfuges du POCT (quatre), du mouvement islamiste (cinq), du MDS (un), du PCT (un), outre bien sûr M. Zouiten. Alors, Front ou Parti, L'avenir, très proche, le dira.