n préambule signé de la rédaction d'Alternatives
citoyennes, ouvrant le dossier d'actualité
consacré à l'affaire Hamma Hammami (Alternatives Citoyennes numéro 7), a suscité une réaction de
Marguerite Rollinde, secrétaire générale de l'association Hourrya-Liberté et auteur d'un article dans ce dossier,
qui l'a diffusée sur la liste « maghreb-ddh » le 24
février, en même temps qu'elle l'a adressée à la revue. La rédaction
d'« Alternatives Citoyennes » ne souhaite pas participer à des
polémiques, notamment dans la situation actuelle, mais nous ne pouvions
rester sans réponse à cette réaction. La mise au point de la rédaction, publiée le 28 février sur la même liste de
discussion, est donc reproduite ci-dessous. Nous espérons toutefois que ces
échanges stériles pourront en rester là.
Réaction de Marguerite Rollinde
Je tiens à vous exprimer mon total désaccord avec l'éditorial du
numéro 7 de votre revue Alternatives citoyennes. En vous faisant l'écho
des ragots de caniveau qui circulent sur une prétendue "protection" de
Hamma Hammami par l'homme d'affaires Kamel Ltaief, vous mettez votre
revue au même niveau qu'une certaine presse tunisienne que vous dites
combattre. Je ne peux accepter d'associer à ce genre de sous entendus
l'article que je vous ai adressé, à votre demande, et donc mon nom et
celui de l'association Hourriya. Sans compter que les qualificatifs que
vous employez pour H.Hammami (éternel jeune premier) et pour Radhia
Nasraoui (madone rouge des prisonnires insoumis) sont tout à fait
déplacés dans les circonstances dramatiques que non seulement eux mais
toute la société tunisienne vit actuellement. Je vous demande le droit de
réponse qui doit se traduire par la publication de l'intégralité de ce
texte dans votre prochain numéro 8. Vous voudrez bien me confirmer par
retour que ce texte sera publié.
Marguerite Rollinde
Mise au point de la rédaction d'Alternatives Citoyennes
Ce dossier d'actualité comportait quatre textes ne présentant aucune
ambiguïté quant à la dénonciation du simulacre de procès dont ont été
victimes ces militants du PCOT et quant à la solidarité assumée par
Alternatives citoyennes envers ces victimes de la répression.
Cependant, le préambule du dossier d'actualité ouvrait sur quelques
interrogations soulevées ici et là, autour d'un soutien dont aurait
bénéficié Hamma Hammami pendant sa clandestinité. Le lecteur pourra
juger de ce préambule comme des autres textes du dossier en
consultant le numéro 7 de la revue.
1. Nous trouvons particulièrement déplacé, contraire aux usages et à la
déontologie
journalistique que Marguerite Rollinde se soit empressée de publier sur
la liste maghreb-ddh une réaction qu'elle nous faisait parvenir dans
le même temps en nous demandant de la publier dans le prochain numéro
d'Alternatives Citoyennes, sous forme de droit de réponse.
2. Nous signalons à Marguerite Rollinde que la publication de sa
réaction ne saurait être exigée au titre du droit de réponse, car elle
n'est pas personnellement concernée par le préambule de la rédaction.
Cependant, nous acceptons de publier sa
réaction accompagnée de notre mise en point.
3. Les qualificatifs que nous avions donnés à Hamma et à Radhia étaient
dans notre esprit affectueux et en aucun cas disqualifiants. Du reste,
le qualificatif « madone rouge » (comme on dit « passionnaria »),
attribué à Radhia, avait déjà été utilisé en présentation d'un plaidoyer
de Radhia en faveur des prisonniers d'opinion publié dans Alternatives
Citoyennes numéro 2, et elle-même ne s'en était aucunement offusquée.
Quant à Hamma, qui sait mieux que quiconque notre affection personnelle
pour lui, il se souvient sans doute d'oeillets rouges que nous lui
avions apportés au nez et à la barbe de trois policiers armés, dans une
chambre de l'hôpital Charles Nicolle de Tunis, au service de néphrologie
où il était détenu. Ceci pour la petite histoire, et notre solidarité
avec lui, sa famille et ses compagnons ne se démentira pas non plus à
l'avenir pour ce qui concerne leur droit à une organisation politique et
à l'expression pacifique et démocratique de leurs convictions, ainsi que
bien sūr et avant toute chose, pour leur libération sans conditions.
4. Cependant, nous ne sommes pas une organisation politique, ni une ONG
de défense des droits de l'homme. Nous fonctionnons en journalistes
indépendants et ne permettons à personne de jeter le discrédit sur notre
engagement à promouvoir une information crédible, transparente, en
dehors de toute allégeance. Notre observation de la scène politique
tunisienne depuis une vingtaine d'années nous a appris à nous méfier des
manichéismes portant à diabolisation d'un côté et angélisme de l'autre,
à prendre nos distances par rapport à l'ensemble des contrefaçons, des
supercheries et des impostures. Dans cet esprit d'examen critique, nous
soulevons des interrogations, rendons publiques des controverses,
appelons à des débats, car nous croyons que nos lecteurs sont adultes et
en mesure de se forger une opinion en dehors de toute manipulation des
uns ou des autres.
5. Nous rappelons à Marguerite Rollinde que cette information, nous la
conduisons depuis notre pays en toute souveraineté, en y prenant des
risques, sans filet, sans subsides de quiconque, avec beaucoup moins de
confort et beaucoup plus de proximité que la manière dont on peut voir
les choses de Paris. C'est cette indépendance qui fait le respect dont
nous jouissons et qui nous apporte, à Alternatives citoyennes, le
concours bénévole d'intellectuels, de responsables politiques, d'acteurs
et d'actrices de la société civile. Il n'y a qu'à lire la revue pour
s'assurer de cette considération. En conséquence, si nous sommes
reconnaissants de la solidarité de militants français ou d'ONG
françaises telles Hourryia/Liberté, nous voudrions rappeler que cela ne
leur accorde pas pour autant le droit de nous donner des leçons, surtout
de loin et à partir des positions distanciées, parfois paternalistes et
légères, que certains occupent.
C'est en toute souveraineté que nous entendons participer à la
définition d'une évolution démocratique dans notre pays, en commençant
par l'étape la plus importante : contribuer à ce que chacun - au-delà
d'une élite dite « éclairée » - se réapproprie des capacités d'esprit
critique. Les réactions que nous recevons de nos lecteurs, les chiffres
de consultation de notre site, ainsi que les innombrables diffusions
- souvent sous le manteau - de copies imprimées des articles publiés nous
montrent que nous sommes sur la bonne voie.