l n'y a pas de doute que l'événement dans le milieu estudiantin ces jours-ci est le
cinquantième anniversaire de l'UGET, on en parle dans les journaux, on organise des journées
d'études et des conférences qui finissent souvent en parties de boxe. Chaque clan
revendique ces festivités, chaque parti se dit le seul légitime porte-parole des « étudiants », qui sont pourtant les premières victimes de ces combats.
Je parle là de l'étudiant « normal » ou comme certains aiment l'appeler « lâche », cet
étudiant qui, ne comprenant rien à toutes ces dissensions et ces divisions, a fini par se
recroqueviller.
À qui la faute ?
Les dirigeants de l'UGET parlent de l'existence de discours parallèles, d'autres disent que
l'UGET n'a plus de combat à mener. D'autres s'érigent en maître de la pensée, nous accusent
d'inconscience, et d'immaturité, de lâcheté.
Peut être que nous ne savons pas toujours ce que nous voulons pour nous, pour le peuple, ou pour
le monde. Certes nous ne chérissons pas les même idéaux, mais cela ne veut pas dire que
nous sommes différents de vous, car nous aussi nous rêvons d'avenir meilleur, nous nous
battons, mais à notre manière.
Non, nous ne sommes pas des lâches, nous ne nous voilons pas la face, nous ne nous leurrons pas, nous savons très
bien que les multinationales se sont payé notre société, que le chômage nous guette à la
sortie de nos institutions. Cessez alors vos pseudo-combats, vos prolixités et vos
vociférations, il y a encore trop de défis à relever, notre ennemi est le même.
Plus que jamais nous avons besoin de bureaux fédéraux actifs et efficaces dans des
universités où les conditions d'examen sont lamentables, où les critères de rachat ne sont
jamais définis clairement, où le droit à une double correction, ou même à une simple
vérification de note est carrément impossible.
Plus que jamais nous avons besoin d'une UGET forte et unie, face à ces universités privées
qui poussent un peu partout, menaçant l'intégrité de notre enseignement supérieur et sa
gratuité à long terme.
Le temps des idéologies est révolu, mais pas celui du travail syndical. Et pour tous ceux
qui l'ont oublié, l'université et l'UGET ne sont le patrimoine de personne, ils nous
appartiennent à tous, nous l'ensemble des étudiants tunisiens, les militants et les « lâches », les politisés et les apolitiques.
Je n'ai jamais voté, je n'ai jamais fait de grève, je ne sais pas ce qui s'est passé au
23ème congrès, et je me fiche de savoir qui est à l'origine de la création de l'UGET, si
elle a été créée en 52 ou 53, je sais seulement que je veux fêter moi aussi le
cinquantenaire de ce grand symbole qu'est l'Union Générale des Étudiants de Tunisie. La vraie
question qui doit se poser aujourd'hui n'est pas de savoir ce qu'était l'UGET, mais ce que
nous sommes en train de faire de ce legs, et quel héritage nous laissons pour les
générations futures.
À bon entendeur salut.