ur RFI, ce mardi 22 novembre, le nouvel homme fort de Mauritanie depuis le putsch du 3 août, le colonel Ely Ould
Mohamed Vall répondait à une bien curieuse question : y a-t-il de « bons » coups d'État ? Cette positivité
d'un changement de régime obtenu en dehors des urnes, contrairement aux usages républicains, renvoie à la
déstabilisation en douceur, sans la moindre effusion de sang et avec l'adhésion passive de l'ensemble de la
population, qui laissa en exil (car il était déjà à l'étranger) l'ancien président Maaouiya Ould Taya.
Toutes les forces d'opposition et les grandes chancelleries, particulièrement les parrains de l'ex-président, les
USA et Israël, ont accepté cette soft transition vers la démocratie. Car le chef du comité militaire pour
la justice et la démocratie, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, s'excusait presque sur RFI de sa félonie contre son
prédécesseur dont il était le bras droit, justifiant ce « coup d'État à contre-coeur » par l'urgence de remettre sur
ses rails un système politique qui « allait droit dans le mur ». Chef de la sûreté nationale et des services
secrets pendant 21 ans du pouvoir absolu d'Ould Taya, y avait-il homme mieux placé qu'Ould Mohamed Vall pour
prendre la mesure de l'exaspération de la population mauritanienne prête à l'explosion ?
La chape de plomb pesant sur le pays et l'interdiction faite à toute expression politique pluraliste, soupape des
tensions, l'arrestation de multiples opposants, avaient d'ailleurs trouvé plusieurs issues violentes, à savoir des
tentatives de subversion islamiste particulièrement en juin 2003, mais également, un an plus tard, à l'initiative
des Cavaliers du changement, toutes insurrections déjouées et mâtées précisément par Mohamed Vall ! Sans
doute, les enjeux géostratégiques et surtout la découverte d'une manne pétrolière ont-ils pu conduire quelques
grands pays amis à donner un coup de pouce à ce salutaire coup d'État qui reconduit un système en l'assainissant,
car le chef du CMJD promulgue, comme preuve de sa bonne volonté démocratique, une loi qui interdit à lui-même et à
son équipe, de se présenter aux prochaines élections qui devraient avoir lieu d'ici l'été 2007. Ely Ould Mohamed
Vall en donne sa parole d'honneur.
Pour débloquer un système verrouillé à quadruple tour et éviter son implosion par un mouvement fondamentaliste,
faudra-t-il donc encore chercher, une fois de plus, l'homme providentiel nourri des secrets du sérail et au coeur
de la sûreté nationale ?