mondialisation inégalitaire, le clivage structural fonde la subdivision du monde verbal entre le
bien et le mal. Par cette opposition discursive les tenants de la domination diabolisent les
partisans de la révolution. L'inégale puissance est au principe de l'arrogance. L'implantation,
partout, des bases américaines sape la fondation de la dignité humaine.
Cette irréciprocité a
partie liée avec l'énonciation du droit à partir d'un lieu occupé par le non droit. Pareil
manichéisme autorise Bush à percevoir le terrorisme sous chaque tarbouch. Aucune preuve de
culpabilité n'étaye l'incarcération des afghans transférés. L'État voyou invoque la guerre puis
soustrait Guantanamo à la règle de la guerre. L'État cow-boy pilonne un pays tout entier,
jusqu'à séisme provoqué, pour dénicher l'insaisissable homme des neiges et des sommets. Le
shérif de l'univers inspire son émule israélien puis, au moment pour lui opportun, le vitupère.
Il feint la déception quand Arafat guette un improbable bateau de roquettes pour affronter la
quatrième armée de la planète. Il théorise le terrorisme. Le droit n'est pas la force mais sa
définition appartient au détenteur de la terreur. La projection sur le sol cubain et saoudien de la
présence unilatérale explique la protestation à connotation profane, au scandale. Toujours le
même, depuis la relève impériale des armées coloniales, un seul mot d'ordre brille au firmament
de la contestation, « US go home ».
Pour Guevara l'extension de l'oppression suggère la multiplication et la synchronisation des
foyers attisés par la révolution. Si l'armée américaine sévit partout un seul Vietnam ne suffit
pas. C'est pourquoi les stratèges du grand manège ne croisent jamais les bras. Ils réduisent le
spectre de la synchronisation par la tactique de la succession. Calmer le front palestinien pour
embraser le ciel irakien après l'ouverture afghane brise, un à un, les candidats au même
système d'alliance. Tant que l'Égypte s'offre à vendre, l'Irak sera frappé.
Mais la
reproduction de l'opération éveille la prise de conscience et suscite l'indignation. L'histoire ne
commence jamais avec une tour percutée. Dès lors il s'agit de conjurer, à l'avance, les périls de
la connivence. Machiavel conseille à son prince de fourbir les armes destinées à le faire aimer
par la force quand il ne sera plus supporté. Secret divulgué, la nouvelle doctrine des armes
nucléaires met en forme la version moderne du cynisme. Si les sept pays voyous réagissent de
concert, le maintien de l'hégémonie unipolaire exige la frappe simultanée de plusieurs
Vietnams à la fois. Certes, le coût budgétaire ne va pas de soi. Déjà, pour les deux bourbiers
perpétués du côté du pétrole contrôlé ou convoité, les rallonges réclamées dérangent.
Toutes
les prétentions à la totalisation succombèrent à la tentation de l'extension. Au temps d'Hitler
ou de Napoléon l'étendue piège la dispersion. Aujourd'hui l'Amérique subodore le risque
fatidique. Après Hiroshima et Nagasaki la voilà qui recourt au dernier recours. L'État le plus
armé du monde somme l'Irak de désarmer. À l'instant même, le soutien accordé contre vents et
marées au dernier État colon suffit à condamner le terrorisme de l'État cow-boy. Mais pour
imposer à l'ethnocentrisme forcené l'acceptation forcée de quelques inspecteurs-espions il
manque le sabre à l'alliance avec le goupillon. Bush le bon ne comprend pas d'où vient la
haine. Elle parvient de ses catégories de pensée. Inapte à concevoir une distance critique entre
son intelligence éthique et sa position de force il donne à voir les rapports de force par des
rapports de droit. Lui exige l'humiliation et Sharon espère la reddition. Qui leur demande
l'adieu aux armes avant la négociation ?
Une fois désarmé qui peut encore espérer le respect de ses justes intérêts ? Après l'Inde et le
Pakistan il revient aux tenants de la citadelle guerrière d'abandonner leur fantasme infantile,
celui d'aseptiser la terre. L'infanticide irakien suffit quand bien même il serait question de
recréer la solidarité par l'invention du risque externe. C'est bien de là que le vrai danger
viendra.