es semaines qui viennent de s'écouler en Tunisie ont
confirmé la persistance d'une atmosphère délétère dans
le microcosme politique d'abord, et dans le climat
général qui règne dans le pays ensuite.
La campagne pour la ré-élection du président Ben Ali en
2004 et la tournure surréaliste qu'elle a prise ; le
silence du principal intéressé qui, lors de son
discours du 7 novembre, a présenté des projets de
réformes y compris constitutionnelles, mais sans
souffler mot de l'article 39 ou de sa candidature aux
présidentielles 2004 ; l'arrestation de Kamel Ltaïef,
l'un des barons et des puissants du régime, ami
personnel et proche parent de Ben Ali ; son interview au
journal Le Monde quelques jours
auparavant ; puis sa libération le 16 du mois courant
après quelques jours de détention, libération
intervenue dans des conditions très particulières (le
14, lors de son procès reporté au 21, la Cour a rejeté
la demande de libération provisoire présentée par les
avocats de Kamel Ltaïef), c'est dire qu'un malaise
persistant continue de marquer le pays.
Ce qu'il est convenu d'appeler la rentrée politique n'a
pas été marquée par des évènements majeurs. Les mois
d'octobre et novembre ont vu en revanche se développer une
dynamique qui a retenu l'attention à deux
niveaux : le créneau syndical (UGTT) et le créneau
syndical étudiant (UGET). Les débats qui agitent le
monde syndical ont trouvé un large écho dans les
milieux des syndicalistes, mais aussi dans les
médias : hebdomadaires, quotidiens... à
l'exception de Ech-Châab, hebdomadaire de
l'UGTT, qui n'en souffle mot !
Le Congrès National du Syndicat de l'Enseignement Supérieur et de
la Recherche Scientifique a confirmé l'incapacité de la
direction de l'UGTT à rompre avec les pratiques de la
combine, des calculs et du clientélisme... D'un autre
côté, les événements qui ont marqué, le 1er
novembre,
les élections des représentants étudiants dans les
Conseils scientifiques des Facultés et Instituts ont
confirmé que les étudiants du RCD qui ont « mis le
paquet » dans le recours à la violence, sont à
l'image de leur parti, qui n'admet pas l'idée du
pluralisme dans le pays.
Dans ce dossier d'actualité syndicale, nous examinons
d'abord la situation syndicale actuelle, à la
veille de la tenue du Conseil national de l'UGTT prévu
pour le 20 décembre, puis nous publions la
traduction d'une plate-forme, initiative prise par un
groupe de figures du mouvement syndical tunisien,
attachées à l'UGTT, à son
autonomie et au rôle
social et national qu'elle a toujours joué.
Dans un troisième article, nous tentons de faire le
point sur les luttes étudiantes et le renouveau qui
semble marquer la dynamique de l'UGET, après quelques
années de « traversée du désert » qui avait
fait craindre pour l'existence même de cette
prestigieuse organisation.
UGTT : dynamique
prometteuse, par Salah Zeghidi
Plate-forme syndicale
pour la réhabilitation de
l'UGTT (traduction de l'Arabe), par un collectif de
syndicalistes
UGET : un « aggiornamento » prometteur, par Salah Zeghidi