e dossier paraît au moment où l'USS Enterprise, croisant dans le Golfe
d'Oman, embarqué pour une opération de police internationale
soutenue par le G7 (réuni la veille à New-York) et par la finance
dite propre, frappe un pays musulman au coeur du monde, dans l'une des
régions les plus riches et les plus stratégiques de la planète.
Cette « autodéfense » baptisée à la hâte « légitime » par l'ONU se
mène en dépit des réserves - pour ne pas aller jusqu'aux
extrêmes -
d'une opinion mondiale et même de gouvernements prétendument acquis
mais qui, en dehors du gouvernement britannique, ne s'empressent pas à
se mettre concrètement en ordre de bataille. C'est que la raison
s'inquiète d'une entreprise qui pourrait n'être que bête et méchante
et dont les retombées pourraient être un désastre sinon une apocalypse.
Pire qu'il y a dix ans sur Bagdad, il s'agit d'une guerre sans cible
véritable, le réseau adverse s'étant mondialisé et introduit partout
comme un cheval de Troie, y compris dans le maillage virtuel du
systeme planétaire de communications. Fluide et insaisissable,
l'adversaire est aussi plus implacable, plus determiné que Saddam et
porte un milliard et demi de musulmans à cette identification
emblématique qu'il hisse comme un cri de ralliement « nous sommes tous
Palestiniens ».
Ce dossier - qui n'est pas décalé malgré des articles rédigés
avant les frappes militaires du 7 octobre - tente de jeter la
lumière sur toutes les dimensions d'un conflit qui s'engage en dehors
de nos volontés et de nos convictions profondes car Oussema Ben Laden,
après avoir fait exploser les contradictions de la démocratie
libérale, sait aussi que la folie furieuse peut également se
communiquer.
Alternatives citoyennes a souhaité d'abord prendre la mesure
réelle de la situation et des enjeux géopolitiques en Afghanistan et
dans toute la région, au cours d'un entretien avec Mahmoud Mestiri,
ancien haut représentant des Nations-Unies en Afghanistan.
Nous avons également fait appel à l'historien de l'Islam Hichem Jaït
pour décoder la complexité du vécu et du ressenti du musulman dans
la modernité. Ces deux entretiens, conduits par Nadia Omrane,
constituent la première partie de notre dossier. Nous vous proposons
ensuite un regard occidental éclairé sur la situation
depuis les attentats du 11 septembre, celui que nous a livré
Jean-Michel Belorgey, Conseiller d'État, responsable de la cellule de
coopération internationale du Conseil d'État français. Enfin, la
chercheuse Meryem Marzouki expose, en sa qualité de responsable
d'une association de défense des droits de l'homme et des libertés sur
Internet, les atteintes à la démocratie et
aux libertés fondamentales, sur le réseau et dans la vie quotidienne,
qui commencent à être mises en oeuvre. Un bon dessin valant parfois
mieux qu'un long discours, Sadri Khiari contribue à ce dossier en l'illustrant.
Va-t-on vers l'américanisation de l'Asie centrale ? - Interview de Mahmoud Mestiri, par Nadia Omrane
Être musulman dans la modernité - Interview de Hichem Jaït, par Nadia Omrane
Dire non à la paresse de la pensée, par Jean-Michel Belorgey
Internet et la démocratie, premières victimes d'une « justice sans limite » pour une « liberté immuable », par Meryem Marzouki