Mohamed Ennafaa, plus présent que jamais. Très actif dans ce Congrès, le vieux Secrétaire général a même tancé l'autre Mohamed, Harmel celui-là. Lors de son intervention, celui que tout le monde appelle affectueusement Si Mohamed a lancé à Harmel: « Arrêtons de donner des leçons aux autres partis de l'opposition. Commençons par balayer devant notre porte, plutôt ! »
Le Dr Ali Harmel, fils de Mohamed, est médecin. Il ne fait pas de politique. Mais trois jours durant, il s'est occupé de la santé des congressistes. Heureusement, il n'a pas eu beaucoup de travail...
Le Congrès a été difficile à faire démarrer, une fois liquidés la séance d'ouverture et les salamalecs. Beaucoup de tension... L'article de Ahmed Brahim dans le quotidien Es-Sabah avait annoncé la couleur. Les petits groupes qui se formaient, les grands conciliabules, les contacts de dernière minute etc. faisaient craindre l'implosion. En définitive, si la fermeté des « contestataires » (Ahmed Brahim, Lakhdar Lala, Mourad Allala, Jouneïdi Abdeljaoued, Hichem Skik, Abdelaziz Messaoudi etc.) a pleinement joué, c'est à travers le débat franc, ouvert, que sont apparues clairement les positions des uns et des autres et que le compromis sur la déclaration politique très largement remaniée, puis sur la composition de la nouvelle direction, a pu être trouvé.
Dans la recherche du compromis, deux hommes appartenant au groupe des « contestataires », Hichem Skik et Mourad Allala, ont joué un rôle décisif. De l'autre côté, Hatem Chaâbouni, homme pondéré et courtois, a contribué, dans son style très particulier, à la réalisation du compromis.
Hichem Skik a failli ne pas être accepté comme délégué au Congrès. Mohamed Harmel se demandait même ce que Hichem faisait là !
Pour un parti se réclamant de la gauche, l'incroyable absence des femmes dans ce Congrès est désolante. Une seule femme, Beya Sâadouna, tête de liste d'Ettajdid lors des dernières élections législatives d'octobre 1999 à Sbeitla, a été élue membre d'un bureau politique de 20 membres ! Et encore, son élection n'a été admise qu'après moultes réticences, y compris au sommet du Parti.
La liste des délégués du Congrès n'était pas arrêtée définitivement à l'ouverture du Congrès. La liste a été en fait négociée, en particulier, les délégations de la Chebba, Zarzis, Sbeitla... Du reste, les chefs de file du courant contestataire ont fait un grand tapage sur cette question. Ils ont réclamé en vain une réunion urgente du Conseil constitutif pour débattre et fixer la liste des délégués au Congrès. Des menaces de retrait ont même été proférées.
Les observateurs ont essayé (mais ils n'étaient pas les seuls) d'avoir une idée du rapport de forces dans ce Congrès et finalement dans le Bureau politique de 20 membres qui en a émané. Il semble que dans cette structure qui constituera la véritable direction du Parti (Mohamed Harmel s'est vu flanqué de 2 secrétaires généraux adjoints, dont Ahmed Brahim, alors qu'il n'en voulait qu'un seul) le rapport de force soit très flou. Il y aurait un bon tiers d'inconditionnels de Mohamed Harmel (Mcharek, Chaouch, Metoui, Tarak Chaâbouni, Remili en particulier), un autre tiers opposé à Harmel, dont Lakhdar Lala, Ahmed Brahim, Jouneidi Abdeljaoued, Jelal Ben Kehima, notamment, et un dernier tiers, qui constituerait « le marais », avec notamment Halouani, Hatem Chaâbouni, Beya Saâdouni.