ous avons reçu du BE de l'UGET (que nous remercions de son intérêt pour Alternatives
Citoyennes) cette mise au point à laquelle Neïla Jrad, auteur de l'article « accusé », tient à
répondre. Certains qualificatifs en effet, ne sont pas recevables.
Sur le fond, la controverse porte sur la volonté
d'appropriation absolue de l'UGET, à l'exclusion d'autres tendances surtout destouriennes, par la gauche et
particulièrement par l'extrême-gauche du mouvement estudiantin. D'autre part, ces dernières tendances
s'entre-déchirent. On l'aura vu de manière assez désolante à l'occasion du cinquantenaire de l'UGET, une fraction
reprochant à l'autre quelques complaisances ou connivences avec les étudiants destouriens. Le radicalisme
intransigeant fut porté jusqu'à jeter des chaises sur une tribune où se trouvait un ancien Secrétaire général de
l'UGET reconnu comme destourien, au boycott des manifestations et même à la dénonciation de la présence du
Secrétaire général du Bureau excéutif de l'UGET à une table ronde du journal Essabah aux côtés d'étudiants
destouriens.
La dépolitisation de l'UGET ne semble pas à l'ordre du jour ni pour ceux qui la professent et qui semblent
s'enferrer dans des contradictions, ni pour les étudiants destouriens qui reproduisent à l'université les pratiques
de leurs aînés dans d'autres aires politiques.
Alternatives Citoyennes n'a nullement l'intention de continuer à épiloguer sur ces exclusions et les simplismes
dont souvent elles procèdent, au mépris de l'intérêt de l'ensemble des étudiants. L'UGET est décidément bien malade
de son histoire et de l'histoire de l'évolution politique du pays. En revanche notre journal ouvre son espace
aux étudiants tunisiens qui voudront y exposer leurs difficultés, leurs inquiétudes et leurs attentes de la
vie universitaire ou de la vie en général.
Réaction de l'UGET
Mise au point (traduction de l'Arabe)
Nous avons pris connaissance avec intérêt du petit dossier que vous avez consacré au
cinquantenaire de l'UGET dans le numéro 7 d'Alternatives Citoyennes, un mensuel on line pour
lequel nous avons beaucoup de respect et d'estime.
Que votre périodique consacre plusieurs pages à notre organisation, aux débats qui l'agitent et
aux conflits qui la traversent, que plusieurs quotidiens, hebdomadaires ou mensuels tunisiens
aient couvert le cinquantenaire de l'UGET et sa situation actuelle, tout cela confirme que les
oiseaux de malheur qui enterrent régulièrement l'UGET, déjà en 1997 après le 22e congrès et
ensuite en 2000 après le 24ème congrès en sont pour leurs frais...
Ceci dit, et par delà les analyses des uns et des autres que nous prenons pour des opinions
respectables, l'article de Neïla Jrad a retenu notre attention par les questionnements qu'elle est
en droit de se poser - et dont certains se posent avec acuité - Neïla Jrad rapporte divers points
de vue : celui de Habib Kasdaghli, ceux de diverses tendances estudiantines, « contestataires »
du bureau exécutif. Mais voilà : seul le point de vue de l'exécutif est totalement absent.
L'objectivité, le nécessaire équilibre exigeaient pourtant que notre point de vue fût écouté et
rapporté.
Mais, ce qui nous a amené à vous adresser cette mise au point, c'est surtout les calomnies
stupides (la prudence formelle du conditionnel n'y change rien) reprises dans le NB dont Neïla
Jrad fait suivre son article, sans même prendre la peine, par un contact avec l'un des membres
de l'exécutif, ou mieux encore par un petit déplacement au local de l'UGET à la rue de
Naplouse au centre de Tunis, de vérifier la stupidité du « tuyau » de ses informateurs selon
lequel « les étudiants destouriens auraient investi, en propriétaires, le local de l'UGET et avec
l'assentiment du Bureau Exécutif auraient proclamé leur participation à la direction de la
Centrale... ». Les informateurs (exclusifs) de Neïla Jrad lui ont encore fait rapporter cette idiotie
selon laquelle « des modifications auraient été introduites dans le sigle de l'UGET par
l'incorporation des couleurs des étudiants destouriens... ».
Que des énormités ridicules de ce genre puissent circuler dans tel ou tel milieu de
calomniateurs professionnels, passe encore ! mais que Alternatives Citoyennes les reprenne,
(ce qui signifie qu'elle leur donne quelque crédit !), cela nous a en vérité extrêmement surpris.
Laissez-nous dire en quelques mots de quoi il retourne à l'UGET aujourd'hui.
1. L'attitude à l'égard des destouriens est, pour la direction de l'UGET, tout à fait claire.
L'organisation des étudiants du RCD (OERCD) est une organisation politique. Nous
disons que la liberté d'action politique dans les facultés doit bénéficier à toutes les
organisations politiques, et ne doit pas être le monopole de l'OERCD. Par ailleurs, les
étudiants du RCD se mettent eux-même en dehors de l'UGET, puisque leur
organisation se prétend une concurrente à celle-ci. Elle joue ouvertement un rôle
hostile à notre organisation et tient souvent la fonction d'un auxiliaire à la police
universitaire et à la police politique dans leurs exactions et leur répression, contre les
étudiants et contre les militants et les dirigeants de l'UGET.
2. Le paysage estudiantin est devenu d'une très grande complexité. Des facteurs
historiques, sociologiques et politiques ont contribué à rendre plus difficiles
l'encadrement syndical et la mobilisation de plus de 200 000 étudiants répartis sur
l'ensemble des villes du pays. Les facultés, les instituts supérieurs, se trouvent
aujourd'hui aussi à Jendouba, à Nabeul, à Gafsa, à Kairouan, à Monastir, à Gabès...
Une seule faculté peut compter près de 10 000 étudiants. Les problèmes posés par le
cursus universitaire, la question de l'emploi des diplômés, le rapport entre l'université
et la société, etc. se posent de façon nouvelle. La direction de l'UGET, depuis le
tournant constitué par le congrès de 1997, s'est fixé comme objectif d'adapter
l'organisation, ses préoccupations, ses méthodes d'action et d'intervention à cette
situation toute nouvelle. Des progrès ont été faits dans ce sens, mais il reste beaucoup
à faire.
3. « La sur-politisation qui exclut », pour reprendre la belle formule de Neïla Jrad,
constitue l'un des grands facteurs qui expliquent le rétrécissement considérable de la
présence et de l'influence de l'UGET au cours de longues années. C'est précisément
avec cela que nous avons voulu rompre, au profit d'une ligne qui opte pour « la
syndicalisation qui rassemble ».
Tout le problème est là. Nous engageons depuis cinq ans l'UGET, en un parcours difficile,
dans une voie qui en fasse l'organisation des étudiants : syndicale, de masse, démocratique,
mais aussi engagée avec les autres organisations et associations de la société civile dans le
combat pour les libertés et les droits de l'homme. L'UGET est, depuis 1999, membre actif de
l'Inter-Associatif...
Notre problème avec certaines fractions ou groupements politiques étudiants est bien là. Ces
fractions veulent maintenir l'UGET comme un « cartel de groupements » qui se partagent « le
gâteau » et dont la fonction essentielle est « de combattre le régime ». Dans une UGET ainsi
conçue, ne trouve sa place que le militant « pur et dur » appartenant à l'une des composantes
de l'extrême-gauche, ou prétendue telle. L'exclusion est la règle, le rassemblement, c'est la
déviation, « le réformisme », « la trahison » etc.
Quand l'étudiante en Lettres Françaises à laquelle vous avez donné la parole affirme : « Plus
que jamais, nous avons besoin de bureaux fédéraux actifs et efficaces dans des universités où
les conditions d'examen ne sont jamais définies clairement, où le droit à une double correction,
ou même à une simple vérification de note est carrément impossible. Nous avons besoin d'une
UGET forte et unie... l'Université et l'UGET ne sont le patrimoine de personne, ils nous
appartiennent à tous, nous l'ensemble des étudiants tunisiens, « les militants » et « les
lâches », les politisés et les apolitiques », nous la comprenons parfaitement et nous voulons
faire en sorte que les étudiants et étudiantes comme elles, qui sont des dizaines de milliers,
puissent se retrouver et se reconnaître dans l'UGET, celle que nous sommes en train de
construire, et qui soit au service des étudiants, de l'Université et de la démocratie.
Pour le Bureau exécutif
Le Secrétaire général Ezzedine Zaâtour.
Mise au point de Neïla Jrad
J'ai pris connaissance, avec surprise, du texte intitulé « Mise au point », signé par le Bureau
exécutif de l'UGET et qui se veut répondre à mon article « Du rêve à la désillusion »
(Alternatives Citoyennes n°7). Je ferai donc les précisions suivantes :
1. Concernant l'attitude à l'égard des destouriens, Ezzedine Zaâtour, Secrétaire général
de l'UGET, a déclaré au cours d'une table ronde organisée par le journal Essabah
(parue dans le numéro du 26 janvier 2001) : « Nous n'avons pas fermé la porte aux
étudiants destouriens et la preuve en est leur participation aux Bureaux fédéraux de
l'UGET » (traduit par nous). C'est cette déclaration entre autre qui a soulevé un tollé
général chez les militants étudiants qui n'acceptent pas la participation des destouriens
à l'UGET et qui, de plus, ignorent leur présence aux bureaux fédéraux. Celle-ci, reconnue
par le Secrétaire Général de l'UGET, autorise bien, c'est évident - et cela devient
extrêmement secondaire - les étudiants destouriens à aller au local de cette
organisation.
2. Depuis 1972 et les journées de février qui consacrèrent la rupture de l'UGET avec le
parti au pouvoir, les étudiants destouriens n'avaient pas droit de cité, dans
l'organisation estudiantine, encore moins à sa direction et dans son local.
3. Des modifications introduites dans le sigle de l'UGET par l'incorporation du violet
(destourien) mélangé au rouge, d'un dessin ambigu rappelant nettement l'insigne des
étudiants destouriens et l'élimination de l'inscription « 5 février » ont donné lieu à la
distribution, durant le cinquantenaire, d'affiches et d'autocollants.
4. Les « tuyaux » dont il est question regroupant les témoignages de plusieurs étudiants
militants ou non militants, ne bénéficient certes pas de l'appellation contrôlée « Bureau
exécutif de l'UGET ». À ce titre, ils n'ont, pour lui, nulle crédibilité. Or, nous vivons
dans un pays où nous sommes bien placés pour savoir ce que vaut la crédibilité de
l'autorité en place et celle de ceux qui la contestent. À bon entendeur, salut.
5. Le ton et le vocabulaire utilisé, insultants et diffamatoires à mon encontre, ne mériteraient
même pas l'honneur d'un commentaire s'ils n'étaient révélateur à la fois de la faiblesse
argumentative de ceux qui l'utilisent et des procédés d'intimidation que l'on veut
substituer au débat pour le clore. Ce n'est, à mon sens, ni le style d'Alternatives
Citoyennes, ni le mien.