n projet de maison des femmes est actuellement à l'étude à Tunis, piloté par l'Association des femmes tunisiennes universitaires pour la recherche et le développement (AFTURD), en coordination avec l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Sa réalisation, qui semble avoir pris du retard, prend appui sur la désignation collégiale d'une directrice (trois candidates sont actuellement en lice) et sur l'identification de supports de travail correspondants à ce projet.
Ceux-ci, élaborés par l'iMED (Istituto per il Mediterraneo, Italie), prévoient donc l'ouverture de trois maisons des femmes à Tanger, Alger et Tunis. Il s'agit de contribuer à la promotion des droits des femmes au Maghreb et d'une société démocratique par « l'augmentation du potentiel de croissance des organisations de la société civile oeuvrant dans ce domaine ».
Une maison des femmes devrait donc mobiliser des énergies féminines pour l'expression d'une plus grande citoyenneté des femmes. Il s'agira alors, par le biais de programmes ciblés, d'amener les femmes tunisiennes à une plus grande participation à la vie publique.
Le travail consistera d'abord à fournir à la fois aux femmes illettrées une compétence de déchiffrage et d'interprétation de l'information utile. Celle-ci leur sera délivrée par tous les moyens traditionnels mais on aura recours aussi à la technologie récente, moyens audiovisuels certes, mais aussi CD-ROM et interactivités que permettrait, par exemple un système de vidéoconférences.
L'inscription de regroupements de femmes dans un réseau de télé-échanges pourra compenser l'isolement et la marginalisation des femmes par rapport à la centralité de l'information. En amont, les compétences de femmes dans le domaine radiophonique et télévisuel, mais aussi en informatique, sont conviées.
Cependant, plus conventionnel, l'accès direct des femmes à des guichets d'information juridique, ou en matière de santé, d'éducation, d'emploi, sera bien entendu mis en oeuvre. En fait, les projets-pilote initiés combineront les outils de proximité d'écoute et d'assistance usuels à une médiatisation plus technologique, esthétique, ludique (vidéos, pièces de théâtre, expositions, forum en ligne).
Trente-six mois sont accordés à cette mobilisation où ONG et syndicats ainsi que PME féminines ou individualités collaboreront, de façon à entraîner une dynamique de participation féminine à l'expression politique, au développement économique, à la création culturelle.
En somme, il s'agit de créer du lien social avec pour actrices de ce maillage essentiel à la société civile des femmes informées, intervenant de plein pied dans les affaires de la cité.
En définitive, en stimulant cet impact de noyaux d'intervention féminine dans un champ d'action, non seulement réservé aux hommes, mais bien souvent soustrait à la communauté des citoyens par fait de monopolisation des pouvoirs, il s'agit de concourir à l'émergence, à l'accomplissement, d'une vie démocratique en Tunisie.