Alternatives citoyennes Numéro 12 - 27 novembre 2004
des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
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« Je me croyais vacciné contre le chômage »
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C e matin, un ami d'enfance m'a proposé de l'accompagner à un forum où les nouveaux diplômés peuvent apprendre comment lancer leur propre entreprise et particulièrement comment préparer un dossier de demande de financement à la Banque tunisienne de solidarité (BTS). Des rencontres de ce genre, il y en a trois ou quatre dans l'année et moi, je n'ai pas le temps, je prépare mon avant-projet de thèse que je devrais soumettre à l'accord d'un professeur avant le 30 novembre. Je suis, en effet, titulaire d'un DEA et d'un DESS de Finances. C'est vrai, j'ambitionne d'enseigner en Faculté mais aussi je retarde le jour où je devrai chercher un emploi.

Au mois de septembre, je suis allé à la rencontre Jeunes et entreprises. Il y avait des stands pour démontrer que des jeunes peuvent réussir leurs propres projets. Par exemple, j'ai bavardé avec des étudiants en multimédia et en informatique qui, dans le cadre de Masters d'université, ont lancé de petits projets. L'un, Moëz, a créé un logiciel de surveillance de véhicules équipés de GPS, un autre, Mehdi, dans le cadre de son DESS de Management, a confectionné un logiciel de gestion de ressources humaines.

Je me suis aussi intéressé à la réussite de Selma, car elle aussi avait une maîtrise de Finances de l'ESC, mais, à partir d'une petite formation complémentaire en Beaux-Arts dans un centre privé, elle dirige aujourd'hui une PME de 4 salariés à partir d'un capital de 28 000  dinars et produit de l'emballage pour cadeaux, des jeux de cartes design, etc.

Le projet le plus intéressant est celui d'Imen, qui est gérante d'un élevage de cailles, basé à Gabès et destiné à approvisionner les hôtels. Cette jeune fille est titulaire d'un DEUG de Français !

D'autres jeunes semblent bien réussir dans diverses productions qui vont du fromage au CDROM en passant par le meuble, la vannerie et, pour les filles, c'est davantage la broderie, les poupées décoratives ou l'habillage de la maison. Une de mes amies se destine à l'art floral pour lequel elle a complété sa formation à l'étranger. Il y a des jeunes de mon âge qui ont du talent, moi, j'ai fait de longues études de Finances et je sais à peine rédiger un chèque, ouvrir un compte.

Sur les panneaux qui offraient des postes pour mon profil, il y avait quelques très rares propositions pour des grappes de candidats qui notaient le contact, décrochaient leurs portables, la ligne étant occupée interminablement.

Mon copain l'ingénieur et moi, nous parcourons chaque dimanche les annonces de La Presse. Alors, nous faisons l'inventaire des diplômés de notre profil, ingénieurs en Électromécanique, Bâtiment, Chimie, diplômés de Gestion, Marketing, Management, Multimédia, techniciens de l'ISET, etc. Depuis un an, nous ne faisons que cela et nous venons de comprendre que nos diplômes ne nous vaccinent pas contre le chômage. Car l'enseignement nous est fermé, même au titre de vacataire (il y a tellement de doctorants !) et les banques sont en crise. Un voisin de mon quartier, qui n'a pas le bac, a achevé une formation de sept mois d'auxiliaire de vie pour personnes âgées. Il se fait déjà un salaire équivalent à celui d'un professeur de lycée et espère dans un an ou deux avec ce petit pactole partir en Italie. Moi qui, au bout d'un bac+7, ai peu de perspectives d'embauche, je me demande pourquoi je n'ai pas suivi la même route, il n'y a pas de sot métier.

 

Khaled
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