edi Tarak quanto e'bello », voyons comme Tarak porte beau, telle est la traduction
approximative du surtitre d'une interview à la Une du quotidien financier Il Sole 24 Ore et la
manchette de jouer sur les mots : le Tunisien Tarak Ben Ammar (TBA) sort de l'ombre pour parler au (journal)
Soleil.
Plutôt long, l'entretien est paru le 9 novembre, une semaine avant celui de Vincent Bolloré, le puissant homme
d'affaires français dont Tarak Ben Ammar est le conseiller et l'homme de confiance. La presse spécialisée confirme
ces dernières semaines la montée en puissance du magnat breton dont les actions crépitent dans différents secteurs,
transports maritimes, plantations en Afrique, publicité (Havas) et bien sūr médias qui concentreraient à eux seuls
10% de son capital.
Voilà que Vincent Bolloré manifeste ces derniers jours un intérêt pressant à reprendre en partie des actions dans
le quotidien Libération, s'intéressant du même coup à un projet de chaîne numérique terrestre (TNT),
Direct 8, dont le lancement en mars 2005 serait intégré à celui du bouquet de chaînes numériques
terrestres gratuites de la TNT.
Mais la fortune de Bolloré est aussi transalpine, par la grâce de son intermédiaire financier Tarak Ben Ammar. Ce
dernier précise que la part du groupe C (ensemble des actionnaires autour de Bolloré, Dassault et Groupama) dans le
capital de la plus grande banque italienne d'affaires, Mediobanca, pourrait être portée de 10 à 11%, le
portefeuille personnel de Bolloré étant de 4.99%. Tarak Ben Ammar ne se dit pas intéressé par ces
investissements-là, bien qu'il « se laisse aller » à commenter les relations et enjeux de cette banque
avec le groupe d'assurances Generali, la banque Unicredito, etc.
C'est que TBA vole plus haut que cette corbeille et « préfère parler de son rapport avec l'Italie ».
N'est-il pas présenté aussi comme un intime de Berlusconi, aux affaires duquel il est mêlé car « qui peut
faire entrer des Français dans le temple de la finance italienne, ou faire passer des Britanniques en
Allemagne [NDLR. référence faite au magnat allemand Leo Kirch] ? Ça, c'est moi »
s'auto-congratule Tarak Ben Ammar.
Du reste, ne souligne-t-il pas que c'est lui qui a fait entrer son ami, le prince saoudien Khaled Ibn Walid, dans le
capital de Mediaset, puis Rupert Murdosh dans Telepiù, finalement Bolloré à Mediobanca. Et encore assure-t-il, il
est bien capable de faire venir l'argent du Moyen-Orient en Italie. N'est ce pas ce qu'il est en train de
planifier, d'autant qu'« avec le prix du pétrole qui monte, ce ne sont pas les liquidités arabes qui manquent
et [qu']il y a énormément d'intérêt à investir dans un pays aussi riche en opportunités que l'Italie ». Pour
sa part, Tarak Ben Ammar avec sa société la Holland Coordinator and Services avait racheté une des deux
chaînes numériques terrestres à Rupert Murdoch, contraint par Bruxelles de s'en dessaisir, après qu'il les eut
rachetées à Berlusconi. Ami de ce grand monde, TBA assure à Il Sole 24 Ore qu'« il a mis tout son
talent à convaincre Bruxelles qu'[en dépit de ses encombrantes amitiés, dans ce créneau,] il jouait seul ».
Enfin, seul ? Il partage aussitôt avec Patrick le Lay de TF1 (groupe Pinault-Le Point) les parts du capital de
Sport Italia, chaîne lancée en décembre 2003 comme cadeau de Noël aux Italiens.
L'appétit télévisuel de TBA ne s'arrête pas là : « ouvrant son coeur » au quotidien financier
Il Sole, il annonce son intention de lancer une chaîne d'informations générales.
Et si Berlusconi cédait une partie de son propre bouquet télévisuel, forcé en cela par la pression
constitutionnelle et parlementaire exaspérées de ses tentacules monopolistiques ? TBA élude la réponse :
« de toutes façons, cela ne surviendrait pas avant 2006 ».
À chaque jour suffit sa peine et TBA n'a-t-il pas prévu aussi pour 2005 le lancement d'une chaîne de télévision
tunisienne (en association avec TF1) ? Décidemment, il est bien bluffant notre TBA... Au soleil d'Italie ou de
Tunisie, quanto e'bello !