C
'est la Banque mondiale qui le dénonce elle-même, en termes à peine diplomatiques : le climat des affaires
malsain et douteux qui règne en Tunisie vient aggraver une situation économique et sociale dans laquelle les plus
importants indicateurs sont au rouge, jusque dans le secteur des techniques de l'information et de la
communication et de l'industrie des réseaux. Le pays qui se veut hôte de la seconde phase du Sommet mondial sur la
société de l'information (SMSI) en novembre 2005 aura bien du mal à mettre en avant des réussites en termes
d'infrastructure et d'emploi dans ce domaine pour cacher l'absence totale de liberté d'information et de
communication.
Plus globalement, le débat qui s'est engagé à la faculté des sciences économiques de Tunis à l'issue de la
présentation du rapport de la Banque mondiale sur les politiques d'emploi et de développement de la Tunisie
renforce la position de la société civile tunisienne, en particulier de l'opposition démocratique, quant à la
mauvaise gouvernance économique et politique qui dilapide les acquis de la nation. Si le constat est partagé, le
compte-rendu du débat que nous propose Nadia Omrane montre que les économistes tunisiens qui se sont exprimés ont
marqué leur réticence à voir le pays se conformer à la lettre à la politique ultralibérale préconisée par les
institutions de Bretton Woods.
Dans sa communication présentée lors d'un récent séminaire à Tunis, qu'il a bien voulu nous autoriser à reproduire,
Khemaïs Chammari s'interroge toutefois sur la marge de manoeuvre des pays en voie de développement et sur
les conditions de leur transition démocratique dans un contexte mondialisé. Il y traite également ce
qu'il appelle « le lancinant problème des investissements et les mirages des institutions financières
islamiques ».
Dans plusieurs secteurs, il y aurait pourtant peu à faire pour un meilleur développement, plus durable et plus
soucieux de l'environnement, offrant des perspectives de création d'emploi et même un contexte favorable au
dialogue des cultures qui fait tant défaut par ces temps tourmentés. C'est le cas par exemple du secteur du
tourisme, comme le montre un récent rapport du PNUD présenté à Tunis.
- Inquiétante évaluation de l'économie tunisienne selon la Banque
Mondiale - « Ni transparence institutionnelle ni règle du jeu »,
par Nadia Omrane
- Transition démocratique et contraintes économiques et sociales,
par Khemaïs Chammari
- Une étude du PNUD sur l'écotourisme et le tourisme culturel en Tunisie - L'autre
façon de rapprocher les cultures,
par Nadia Omrane