n été différent des autres... L'Intifadha qui
continue de plus belle contre l'occupant israélien, les Jeux
méditerranéens en Tunisie, avec vingt-trois pays participants et un
sport féminin tunisien qui fait plaisir... Mais l'événement majeur de
l'été, de l'année même, c'est incontestablement le drame, la tragédie
du 11 septembre à New-York avec les 6000 morts enregistrés après
l'attaque terroriste, unique en son genre, dans sa monstruosité. Au
fil de l'été, voici quelques événements, quelques rappels, quelques
repères...
Tunisie
L'été commence bien : pour la première
fois, et à l'initiative de la LTDH,
une journée nationale pour l'amnistie générale est décrétée et
organisée le 29 Juin 2001, avec la participation active de plusieurs
associations (UGET, ATFD, ATJA, CNLT...) mais aussi de mouvements et
groupements politiques (Ettajdid, PDP, POCT, Forum démocratique...).
Une initiative qui, selon des sources proches de la LTDH, continuera à
travers la création d'une Commisssion Nationale pour l'Amnistie
Générale, prévue pour les semaines à venir.
Mais ce bon début a été terni par
l'arrestation de Sihem Ben Sedrine,
arrêtée le 26 Juin à son retour d'une émission sur la chaîne de TV El
Mustaqila à Londres. Poursuites judiciaires, emprisonnement à la
prison de femmes de La Manouba, dans la banlieue de Tunis. Très grande
mobilisation, tous azimuts, en Tunisie très fortement et en Europe,
pour la libération de Sihem. Ce qui sera chose faite 46 jours plus
tard.
Lancement, timide au départ, puis
systématique, de la campagne pour la candidature de Ben Ali à un 4ème
mandat... en 2004... [voir article
consacré à cette campagne dans ce numéro, NDLR].
Jeux méditerranéens : ils se sont déroulés
avec la participation de vingt-trois pays, de foules importantes de
spectateurs (35 000
pour le match de football Tunisie-France des moins de 21 ans, remporté
par les Français). Une cérémonie d'ouverture fortement politisée, en
présence du président algérien Boutaflika. Le clou des jeux aura été
le sport féminin, notamment les sports collectifs : volley-ball,
handball et basket-ball. Outre les grandes Yougoslaves, et les
magnifiques Italiennes qui dominent depuis de longues années le sport
féminin mondial, ce qui faisait plaisir à voir, c'est le courage, la
détermination de ces jeunes filles et femmes algériennes, égyptiennes,
marocaines, croyant au sport et à leur droit à l'exercer librement et
qui bravent quotidiennement des milieux sociaux encore largement
charaïsés, hostiles aux femmes et encore plus aux femmes
sportives... Les Tunisiennes, dans toutes les disciplines, ont été
admirables. Les foules ne s'y sont pas trompées qui se sont déplacées
à Radès, à Nabeul, à Sousse pour les encourager.
En Tunisie, un « non événement » n'a retenu
l'attention de personne.
Il s'agit de la Journée (7 Août) nationale des Tunisiens à l'étranger.
Le président Ben Ali a reçu à cette occasion une délégation des
associations tunisiennes à l'étranger. Il a reçu cette délégation en
présence, précisent l'agence TAP et les quotidiens, « du vice-président du
RCD, du Premier ministre, des membres du Bureau politique du RCD ».
Remarquez bien : le
vice-président du RCD est cité avant le Premier Ministre ! Mais
enfin, passons à autre chose de plus intéressant : nous apprenons à
l'occasion de cette journée que 383 associations tunisiennes
s'activent à l'étranger (contre, précise un quotidien, 284 seulement
en 1993 !), dont 221 en France !! Parmi ces dernières, 73 sont à
caractère social, 38 sont des associations de jeunes de la deuxième
génération, 34 culturelles et 28 féminines ! Les 389 associations
regroupent 15 000 adhérents (39 adhérents en moyenne !). Si nos amis
en France ignorent tout de ces associations, qu'à cela ne tienne :
Sonia Bellakhder, responsable d'une association tunisienne de jeunesse
du Val-de-Marne, présente à cette journée du 7 août à Tunis, a déclaré
avec amertume que les gens « ne prennent pas l'initiative de contacter
les associations, ce qui fait qu'on ignore même leur existence » !
(cf. Le Quotidien du 08-08-2001).
Brésil
6 Août : mort à Salvador de Bahia de Jorge
Amado. Le grand romancier brésilien est parti à 88 ans. À 19 ans, en
1931, il a publié son premier
roman Le pays du carnaval. Militant communiste, il a connu
l'exil, l'errance, la prison. Certains de ses livres ont été brûlés,
d'autres interdits. Encore l'un des grands qui part...
Tchad
Élections présidentielles. Le président
Idriss DEBY (au pouvoir depuis
1990) a été récemment réélu pour un nouveau mandat. Mais voilà le hic :
ces Tchadiens se croient de vrais démocrates... puisque leur président
n'a été élu qu'avec 63,17% des voix ! N'est-ce pas honteux ?
Égypte
Une cinquantaine de personnes accusées
d'homosexualité sont
traduites en justice, et devant la Cour de sûreté de l'État s'il
vous plaît ! Ils sont passibles de 5 ans de prison.
Plusieurs accusés se sont plaints de tortures et de graves sévices...
Afghanistan
C'est la peine de mort qu'encourent les
personnes emprisonnées à
Kaboul, dont huit citoyens de pays occidentaux, poursuivis pour
tentative de propager le christianisme. Les charaïques de Kaboul,
comme tous les autres, sont décidément intraitrables. Un musulman
qui se convertit à une autre religion est renégat : il doit mourir.
Un chrétien qui se convertit à l'Islam n'est pas un renégat, c'est
un héros adulé et admiré par les charaïques de tous bords. La
liberté de croyance dans tout cela, direz-vous ? N'allez pas la
chercher à Kaboul, à Khartoum, ou à Téhéran ou même plus près,
beaucoup plus près de nous...
Autre information du côté de Kaboul : les
Talibans viennent d'interdire
carrément l'usage de l'Internet. L'usage du réseau Internet est
déclaré tout simplement illicite. L'Afghanistan est le premier pays à
avoir pris une telle mesure. Le ministre taliban des Affaires
étrangères Mutawaquil a précisé que cette interdiction durera « tant
que ne sera pas trouvé un système qui permet de filtrer toutes ces
choses mauvaises, obscènes, immorales et contre l'Islam... ». Ceci dit,
on compte en tout et pour tout une centaine d'internautes en
Afghanistan, qui compte 20 millions d'habitants.
Cheikh Karadhaoui (El Jazira)
Dans l'émission hebdomadaire la Charia
et la vie de la chaîne
El Jazira (très suivie en Tunisie), en date du 9 septembre, Cheikh
Karadhaoui, « spécialiste » en Charia et en fatwas islamiques est
interrogé sur la discrimination en Islam entre hommes et femmes. Sa
réponse fuse : la discrimination que rejette l'Islam, c'est celle qui
se fonde sur la couleur de la peau, sur la nationalité... Quant à la
discrimination entre hommes et femmes, c'est une chose normale,
naturelle qu'il n' y a pas lieu de rejeter, elle fait partie de
l'Islam.
Iran
Six députés kurdes iraniens présentent leur
démission du Parlement.
Ils expriment ainsi leur mécontentement quant à la répression que
subissent les Kurdes iraniens, ainsi que la minorité sunnite
iranienne... Le drame kurde continue dans cette région : entre le
marteau Saddamiste en Irak et l'enclume intégriste chiite en Iran.