u 9 au 11 novembre 2000, s'est tenu à Marseille l'Autre Sommet, une assemblée alternative au sommet officiel qui réunit l'ensemble des États impliqués dans le processus de Barcelone, c'est-à-dire le projet en cours de mise en place d'une vaste zone de libre-échange à l'échelle de la Méditerranée. L'Autre Sommet est la première initiative qui conteste le bien fondé du processus de Barcelone et lui oppose un autre type de partenariat [voir dans ce dossier le Manifeste adopté à Marseille, NDLR].
L'idée de ce contre-sommet a germé dans l'esprit de militants tunisiens et ce n'est pas par hasard : la Tunisie est, en effet, le premier pays de la zone à avoir ratifié - et mis en oeuvre avant même sa négociation ! - un accord d'association avec l'Union européenne qui prévoit une libéralisation complète des échanges à l'horizon 2010. Le projet se présente également comme la poursuite du processus de libéralisation économique entamée en 1986 sous la houlette des institutions financières internationales, la Banque mondiale et le FMI.
Si la préparation logistique de L'Autre Sommet était nécessairement du ressort de nos amis d'Attac-France, la préparation politique a connu deux moments forts : une première réunion à l'occasion du sommet alternatif de Nice qui a permis de préciser la conception de notre contre-sommet de Marseille et la réunion inter-arabe de Tunis, le 7 octobre 2000, qui a permis, quant à elle, une première discussion du projet de Manifeste proposé par le RAID.
Par ailleurs, pendant les mois précédant la réunion de Marseille, un site consacré à sa préparation [voir liens « pour en savoir plus » de ce dossier, NDLR] a accueilli toutes les contributions proposées par les différentes associations impliquées. Le Raid a ainsi soumis à la discussion plusieurs textes portant sur la déstructuration du service public (santé, PTT, enseignement supérieur...) et sur la privatisation.
L'Autre Sommet a réuni plusieurs centaines de militants des quatre coins de la Méditerranée avec dans l'idée non pas de contester tout projet de partenariat privilégié entre les deux rives mais dans la perspective de proposer un autre partenariat basé sur les besoins sociaux, culturels et écologiques des peuples et non pas des intérêts économiques et stratégiques des États du Nord et des dictatures qui leur servent de relais dans les États dépendants.
Au terme de trois jours de débats en commission et en assemblée plénière, les participants à l'Autre Sommet ont adopté le Manifeste (dont la version définitive est publiée dans ce numéro d'Alternative citoyenne) et a décidé la constitution d'un réseau permanent qui permette de poursuivre la réflexion et de coordonner l'action des différentes associations concernées, notamment dans la perspective d'une réponse encore plus forte au prochain sommet officiel en 2002 à Barcelone. Ce réseau, dénommé Medbadil, est composé des signataires du Manifeste mais et a vocation à s'élargir.
L'Autre Sommet s'est conclu par une manifestation regroupant près de 3000 personnes dans les rues de Marseille.
