Alternatives citoyennes
Des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
Numéro 15 - 22 mars 2005
International
Algérie
Après les émeutes du gaz, la controverse du pétrole ?
L'Algérie cède son or noir aux firmes étrangères

 

A près les émeutes du gaz les algériens entreront-ils dans une nouvelle phase de turbulence à voir leur or noir cédé aux firmes étrangères ?

Fin janvier et début février en effet, les émeutes du gaz enflammaient l'Algérie de l'Ouest en Est après être parties du sud d'Alger, de Djelfa à Médéa. Par un froid polaire qui enneigeait jusqu'aux dunes, la pénurie de bonbonnes de gaz livra la population au marché noir où se doublait le prix de cette énergie essentielle à la cuisine et au chauffage. Car si l'Algérie distribue son gaz à l'Europe via des gazoducs dont le prochain - stipule un accord passé avec l'Espagne en avril 2004 - se glissera sous la Méditerranée, d'Alger à Almeria pour emprunter ensuite les cols pyrénéens vers la France.

Ce grand pays, autrefois souverainiste en matière d'hydrocarbures, les privatise tous azimuts et punit les citoyens qui se plaignent d'être en manque. Plusieurs mois de prison ont en effet été infligés aux émeutiers de Birine pris sous les flammes de la colère tandis que déguerpissaient les élus locaux, indignes de représenter leurs concitoyens. Peut-être quelques trafiquants ont-ils avivé l'incendie sous lequel partirent en fumée les registres fiscaux, mais la grogne montait depuis quelques mois autour de la privatisation de la société d'électricité et de gaz, éclatée en plusieurs filiales proposées à l'emprunt national. En début d'été 2004 également, une explosion autour de l'usine d'El Hamma avait plongé le pays dans le noir. Obscure reste également cette affaire tandis que la gestion et la maintenance de l'usine a été cédée à la société italienne qui l'avait préalablement installée.

C'est vers d'autres plus larges concessions qu'on s'achemine depuis la mi-février 2004, où le congrès panafricain du pétrole (APA) tenu à Alger devait également se pencher sur la prochaine loi algérienne sur les hydrocarbures. Désormais, les compagnies étrangères pourrant acquérir 70 à 100% de la production du pétrole découvert et exploité ainsi que son acheminement et sa commercialisation. Jusqu'ici, bien que les firmes étrangères aient pu s'associer à certaines prérogatives de la Sonatrach, celle-ci restait maîtresse en amont et en aval du processus de production et de commercialisation. La Sonatrach est la première entreprise africaine et ses activités débordent le pays puisque, du Pérou à la Libye, elle fonctionne désormais en holding international.

Les fidèles de l'esprit d'Alger, du temps où le président Boumediene lançait en guérillero tiers-mondiste sa nationalisation du pétrole algérien repris à la France, s'inquiètent de cette intégration de l'Algérie dans le marché par la perte de sa plus grande source de revenus. D'autres considèrent toutefois que la gouvernance de cette richesse en sera plus transparente, ainsi concédée à des firmes étrangères selon les normes comptables qui n'auraient pas toujours été respectées par les gestionnaires algériens. On en attendrait dès lors un assainissement et une plus grande clarté du trésor public.

De fait, l'augmentation des prix du baril de pétrole ne semble guère avoir profité à la population algérienne et d'aucuns considèrent que ce n'est pas brader le patrimoine national que d'ouvrir aux capitaux étrangers la prospection, production et commercialisation des hydrocarbures.

Faut-il donc que les pouvoirs locaux nés de l'indépendance soient devenus bien corrompus, presque délinquants, pour aller chercher un ordre plus honnête du côté du capitalisme financier international ?

 

C. Fourati
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