L
e Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) se propose de soutenir des projets de tourisme
écologique ou culturel, ce qui va dans le sens de l'encouragement, au moyen de petits crédits, de petites
entreprises locales dans l'air du temps.
Face aux nouveaux enjeux du tourisme, certes fragilisé par les risques du terrorisme et les contrecoups des
guerres, mais aussi modifié dans sa demande thématique, les pouvoirs publics tunisiens ont initié d'innombrables
études pour cerner les nouveaux besoins et compenser le manque à gagner d'une hôtellerie fastueuse, dispendieuse et
contreproductive. Normal, car comment maintenir l'exigence de rentabilité d'un secteur qui constitue près de 20%
des recettes en devises ? Une stratégie d'ensemble est mise en oeuvre depuis quelques années pour diversifier le
produit offert à la clientèle étrangère et désormais locale, les Tunisiens s'intégrant aussi, par la hausse de
leurs revenus et la mutation des valeurs, à une société des loisirs et du bien-être où se reconnaîtraient le droit
à la paresse ainsi que le souci de soi.
Le PNUD, dans son soutien au développement, a rendu publique en ce début décembre, une étude portant sur
l'évaluation d'un autre modèle touristique, l'écotourisme et le tourisme culturel. Cette étude a été présentée par
son auteur Sami Belhaj qui a, devant une assistance informée et impliquée, tenté de rendre compte des promesses,
des logiques et des blocages d'un tourisme « durable », terme générique retenu par-delà des nuances
terminologiques.
L'exposé, se rapportant très certainement à des études de terrain et à la consultation d'expertise, mais resté très
général, finit par agacer ou rebuter quelques femmes et hommes du métier. Toutefois, l'étude identifiait largement
les fondements de ce type de tourisme respectueux de l'environnement matériel et humain autant que sa pertinence :
le patrimoine architectural, l'ensemble des vestiges remontant à une histoire plurielle, ainsi que la biodiversité,
tout autant que les traditions et les usages, sont des gisements à exploiter et à proposer à une clientèle très
« nature et découverte » en quête d'exotisme et d'authenticité.
Encore faut-il que ces gisements puissent être valorisés dans le cadre de PME décentralisées, encouragées dans la
mise en valeur de « régions » touristiques et que les acteurs locaux puissent faire l'expérience
d'une gestion « participative ».
Dès lors, de petits projets pourraient, avec l'aide de l'État, de fondations ou de banques (telle l'agence de la
Banque européenne d'investissements (BEI) ou des aides allouées en micro-crédits), trouver le financement requis et
être dotés d'un cadre juridique et institutionnel ad hoc. Déjà, la petite expérience d'écotourisme
La bécasse
de Tahar Nefzi s'est fait connaître jusqu'en Australie. Des médias et des agences spécialisés sont appelés à
orienter la demande internationale vers ces nouvelles niches d'opportunités qui, c'est évident, moyennant une
petite formation, sont autant de sources de nouveaux emplois et peuvent offrir aux jeunes des supports
d'entreprises indépendantes.
Au-delà de contradictions apportées à l'exposé par des experts vétérans d'un développement touristique qui a fait
son temps et par des responsables du ministère de tutelle venus en rangs serrés rappeler combien l'État faisait
depuis 1987 pour développer ce tourisme « durable », tout le monde convient qu'il est dans l'air du temps, qu'il
répond aux échecs d'un tourisme balnéaire prétentieux froid et vide : en un mot, il est aux antipodes du modèle 5
étoiles de Yasmine Hammamet qui dépouille les banques par des crédits énormes et dont on se demande comment ils
seront remboursés. Nul doute que si des PME d'écotourisme ou de tourisme culturel bénéficiaient d'autant de
largesses, de mesures incitatives et de dispenses fiscales, moyennant un petit effort de sensibilisation et de
formation des opérateurs, la Tunisie pourrait devenir un bijou d'hospitalité et un lieu de rencontres et d'échanges
avec l'Autre, de l'autre coté de la Méditerranée, de l'Atlantique ou du Pacifique.
Le PNUD et sans doute la BEI sont prêts à soutenir ce décollage.
Les pays riverains offrent des modèles. Si les Tunisiens ne sont pas des initiateurs, ils pourraient être de bons
élèves et sont dans l'attente des décisions du maître en la demeure.